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de la manière à peu près irréprochable dont on exécute, maintenant, les fistules de l’intestin.


Il y a deux manières de se procurer les sucs glandulaires nécessaires à l’étude des opérations chimiques de la digestion : le « procédé de macération, » et le « procédé de fistule. » La glande qui fabrique un suc s’en imprègne : ou plutôt, elle s’imprègne de la matière active de ce suc : elle la conserve à l’état concentré. C’est à cette heureuse circonstance que l’on doit d’avoir pu acquérir les premières notions sur les sécrétions digestives. On se les est procurées en faisant macérer dans l’eau le tissu de la glande hachée. On se proposait d’obtenir un liquide équivalent, ou à peu près équivalent à celui que la glande sécrète naturellement ; et on l’a obtenu en effet. — Le tissu de la muqueuse stomacale, haché et macéré dans l’eau acidulée, fournit un liquide presque identique au suc gastrique. — Le pancréas haché dans l’eau donne une liqueur à peu près équivalente à la sécrétion pancréatique. Le principe de cette équivalence a été posé par Eberle, en 1842. Il a été vérifié successivement pour toutes les glandes véritablement digestives. Il ne s’applique pas aux autres glandes. La macération du foie ne fournit point débile : la macération du rein ne fournit point d’urine.

Tout ce que l’on savait, jusqu’en 1900, sur les propriétés digestives du suc pancréatique, on l’avait appris de cette manière au moyen du suc de macération. De même pour le suc intestinal. Or, ces connaissances étaient assez étendues pour bien montrer la fécondité du procédé. Toutefois, la vérification de l’identité de ce suc artificiel avec la sécrétion naturelle restait obligatoire. Ainsi a toujours procédé Claude Bernard. Ce n’est qu’après avoir eu recours au procédé de la fistule pour s’assurer que le suc pancréatique contient un ferment capable de digérer les hydrates de carbone et de les transformer en sucre, et qu’il en renferme un autre capable d’émulsionner et de saponifier les graisses, que le célèbre physiologiste eut recours au procédé plus expéditif de la macération pour poursuivre son étude. C’est après avoir acquis la même conviction, mais cette fois d’une manière moins satisfaisante, que Kühne, en 1872, reprit, au moyen du suc de macération, l’étude de la digestion pancréatique des matières albuminoïdes ébauchée vingt ans auparavant par Corvisart au moyen du suc naturel. C’est ce savant distingué qui caractérisa, dans le suc de macération pancréatique, le ferment qui digère les alimens albuminoïdes, la trypsine. Et encore, c’est en faisant des macérations de la muqueuse