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impartial reconnaîtra que ces imitateurs de l’Apôtre des Gentils, sans être tous comme lui de grands théologiens, ne sont du moins ni des ignorans, ni des ennemis du progrès, ainsi que se plaisent à le dire les libres penseurs. Mais, ce serait tomber dans l’extrême opposé que de vouloir faire d’eux des émules de Savorgnan de Brazza ou de Stanley et des collaborateurs assidus de nos sociétés savantes. Ces études de langues ne sont que l’accessoire, et, comme disait Livingstone « la fin de l’exploration n’est que le commencement de l’œuvre missionnaire, » dont le but essentiel est le salut des âmes. Le vrai missionnaire sait qu’il est, avant tout, un messager de paix et de bonne nouvelle, envoyé par Dieu vers ces pauvres idolâtres, en proie à la terreur du sorcier et à l’horreur des guerres perpétuelles entre tribus, et il doit concentrer tous ses efforts sur leur rédemption morale et sociale. En les menant à l’école de Jésus-Christ, il aidera puissamment à l’éducation morale de l’individu, au relèvement et au resserrement du lien conjugal et familial, enfin au progrès de la vie sociale et de l’humanité. C’est ce qu’il nous reste à montrer.


GASTON BONET-MAURY.