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la version fut imprimée à New-Cambridge (1661-1663), mais la tribu à laquelle elle était destinée a aujourd’hui disparu. Piqué d’émulation, le morave D. Zeisberger, qui a consacré cinquante années à l’évangélisation des Peaux-Rouges de l’Ohio et du Susquehannah, a fait un vocabulaire de la langue iroquoise et du dialecte des Indiens Delaware, qui ont été imprimés. Il avait aussi composé une harmonie des Évangiles en delaware, qui est encore inédite.

Ce sont les missionnaires catholiques, surtout des Dominicains (le P. Pedro) et des Spiritains (Brunetti) qui ont étudié les langues du Mexique et de l’Amérique du Sud. La Société biblique de Londres a imprimé toute ou partie de la Bible en vingt-cinq langues américaines ; mentionnons, par curiosité, une version de Saint-Marc dans le patois français parlé par les nègres de Saint-Domingue, de Sainte-Lucie, Grenade et la Trinité ; celle du Nouveau Testament et surtout de l’Ancien dans le dialecte mic-mac parlé par les Indiens de la Nouvelle-Écosse, et enfin les quatre Évangiles, dans le dialecte des Iroquois de la province de Québec.

En Océanie, ce sont des missionnaires catholiques français, Maristes ou Pères de Picpus, qui se sont distingués dans l’apprentissage de ces langues polynésiennes, aussi variées que difficiles à prononcer. On cite les études du Père Maigret sur le dialecte des Iles Sandwich (Hawaï, 1824-30) et celle de Mgr Janssen et du P. Lemoing sur la grammaire et la langue tahitienne. De son côté, le Rév. S. Coolsma, missionnaire hollandais, étudiait et classait les langues parlées dans l’archipel de la Sonde[1]. Les missionnaires allemands et anglais ne sont pas restés en arrière et ont traduit tout ou partie des Saintes Écritures, et leurs versions ont été ensuite imprimées par les soins et aux frais de la Société biblique de Londres. Elle n’a pas publié moins de quarante-six versions de la Bible, en langues australiennes ou polynésiennes ; parmi lesquelles nous signalerons le Nouveau Testament en « motou » (Nouvelle-Guinée), par le Rév. Law ; Saint-Mathieu, Luc et les Actes, en « erromanga, » par le Rév. Gordon ; et la Bible entière en langue tahitienne.

Après cet exposé succinct des travaux des missionnaires en géographie et en linguistique, nous espérons que tout lecteur

  1. Voyez les travaux du P. Maigret, sur le premier dialecte ; du P. Dordillon sur le second, et des PP. Lemoing et Janssen sur la grammaire de la langue tahitienne.