Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/599

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À cette époque, le prince mettait la dernière main à un ouvrage intitulé : Les idées napoléoniennes.


« Dès que mon ouvrage sera imprimé, écrit-il à Dufour dans la même lettre, je vous en enverrai un exemplaire. Je m’attends à être fortement attaqué, mais j’y suis résigné. J’ai planté mon drapeau de guerre, il fallait aussi planter mon drapeau politique, je l’ai fait. Ce n’est pas en ayant peur de choquer toutes les opinions diverses que l’on groupe des partisans autour de soi ; c’est, au contraire, en mettant en avant des idées qui, tout en étant entières, soient cependant conciliatrices.

J’ai toujours bien des tracas et des ennuis ; la jalousie et la calomnie se fourrent partout où le moindre rayon d’espoir peut pénétrer. On a monté une cabale à Paris contre Persigny, qui est un de mes amis les plus dévoués et les plus capables : on a été jusqu’à le représenter comme un espion ! On voulait me forcer par-là à le renvoyer. Mais on comptait sans son hôte ! Mon caractère n’est pas de cire molle ; jamais je ne ferai volontairement d’injustice. »


La lettre qui suit, datée de Londres, le 7 janvier 1840, montre combien le prince savait qu’il pouvait compter sur l’obligeance de Dufour. D’abord, ce sont des remerciemens à propos d’un tableau dû au pinceau de Mlle Dufour[1], et qui représentait le général Bonaparte, marchant avec une colonne dans les sables de l’Egypte, en vue des Pyramides.


« Tout le monde, dit-il, le trouve extrêmement bien fait, et mon oncle Joseph lui-même a trouvé le principal personnage très ressemblant. J’ai pendu le tableau dans mon cabinet, dont il est le plus bel ornement. Dites-le, je vous prie, à Mlle Dufour, en lui exprimant toute ma reconnaissance.

Un service à vous demander. Je vais faire un journal hebdomadaire de doctrine napoléonienne, dont je serai le seul rédacteur en chef, parce que je suis dégoûté de la manière dont les journalistes, à Paris, traitent la grande question politique. Dans ce but, tous les articles qui seront insérés passeront d’abord sous mes yeux. Je voudrais donc que vous fussiez un de mes

  1. Il s’agissait de sa fille aînée, qui épousa plus tard le colonel L’Hardy. Elle avait un réel talent pour la peinture et a laissé la réputation d’une artiste distinguée.