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la première mission militaire étrangère, pour laquelle on s’était adressé à notre pays. La révolution de 1868 eut lieu comme nos officiers venaient d’arriver et, peu au courant de la légitimité respective du Mikado et du Shogoun, ils embrassèrent la cause de celui-ci qui les avait appelés. L’un d’eux faillit s’en repentir : tombé aux mains des Impériaux, il reçut avis d’avoir à s’ouvrir le ventre, comme un simple samouraï, et n’échappa point sans peine à cette fâcheuse cérémonie. D’autres officiers français se succédèrent jusqu’en 1889, époque à laquelle il fut fait appel à une mission allemande. Malgré cette influence récente, l’armée japonaise s’inspire encore en beaucoup de points de la nôtre, et des officiers japonais viennent souvent étudier dans nos écoles ou faire des stages dans nos régimens.

Nombreuse comme elle l’est, la population japonaise pourrait fournir une armée au moins égale à celle de la France ou de l’Allemagne : le contingent annuel des jeunes gens ayant atteint l’âge de vingt ans n’est pas moindre de 428 000 hommes ; mais pour diverses raisons, budgétaires et autres, le Japon n’a pas cru devoir se lancer dans un établissement militaire si considérable et son armée ne compte que 160 000 hommes sur le pied de paix, ce qui lui permet de choisir et de n’enrôler que l’élite physique de sa population.

L’armée japonaise[1] comprend trois catégories : l’armée active et sa réserve ; l’armée de dépôt divisée en deux classes ; l’armée territoriale. Le service militaire est dû de dix-sept à quarante ans ; mais l’appel n’a lieu qu’à vingt ans. Une portion du contingent est alors incorporée dans l’armée active : elle y fait trois ans de service actif, puis passe pour quatre ans et quatre mois dans la réserve où les hommes sont astreints à deux convocations, une de quatre semaines au cours de la troisième année, une de deux semaines au cours de la quatrième. Une deuxième portion est versée dans la première classe de l’armée de dépôt où le service dure sept ans et quatre mois, équivalant au temps passé dans l’armée active et la réserve. Astreints en principe à deux convocations, ces hommes de la première classe de l’armée de dépôt n’ont été appelés jusqu’ici qu’en très petit nombre. Hommes de l’active et de la première classe du dépôt

  1. La plupart des renseignemens numériques qui suivent sont extraits d’un article de la Revue militaire des Armées étrangères, rédigée au 2e bureau de l’état-major de l’armée (livraison de février 1904).