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courant uniquement employé à l’éclairage, d’après un document officiel, le prix moyen de Fhectowatt serait entre 0 fr. 0 966 (secteur de la rive gauche) et 0 fr. 1 269 (secteur des Champs-Elysées). Il est assez difficile d’établir cette moyenne, car, suivant l’importance de la consommation, les sociétés font à leurs cliens, sur leurs tarifs officiels, des rabais plus ou moins forts, parfois considérables. Le prix maximum indiqué dans le cahier des charges des concessions est 15 centimes ; mais il n’est jamais atteint.

Ces sociétés ne jouissent pas d’un monopole. Chacune a obtenu une simple concession de la Ville de Paris, concession dont l’origine remonte à 1889 pour trois d’entre elles, à 1890, 1893 et 1896 pour les autres ; toutes expirent vers 1908. Pour ces concessions, Paris a été divisé en surfaces ayant la forme de secteurs, afin que chaque concessionnaire desserve à la fois une portion du centre de la Ville et de la périphérie. Les autorisations laissaient à peu près toute liberté aux sociétés de s’installer à leur convenance et d’après les systèmes qu’elles préféreraient ; on ne les obligea qu’à placer tous les câbles dans le sol sans tolérer de transmissions aériennes.

A côté des sociétés d’éclairage électrique et des installations de la Ville, il existe à Paris un grand nombre d’exploitations particulières, quelques-unes très importantes ; un petit nombre est antérieur à la constitution des sociétés, les autres ont été créées depuis la concession des secteurs.

La puissance de ces installations est, au total, d’environ 18 000 kilowatts. Les gares, les théâtres, les grands magasins comme le Bon-Marché, le Printemps, les grandes maisons de commerce, les principaux hôtels, les usines ou manufactures importantes trouvent généralement économie à produire eux-mêmes l’électricité qui leur est nécessaire pour s’éclairer. Les installations de l’Opéra, du Bon-Marché, etc., existaient avant la création des compagnies d’électricité et ont incité les entreprises analogues à les imiter. Mais beaucoup de petits industriels parisiens ont suivi cet exemple et ont ajouté à leurs machines, mues par les moteurs à vapeur, à gaz ou au pétrole qu’ils utilisaient, le petit matériel nécessaire à leur éclairage électrique. On évalue de 55 000 à 56 000 chevaux-vapeur la force totale employée à Paris, par les compagnies des secteurs, par la Ville ou par les particuliers, à la production de l’électricité, sans y