Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/383

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entièrement achevée. La plus grande partie des becs de gaz des voies publiques ont un débit horaire de 100 litres ou de 150 litres. La lumière obtenue est suffisante et, avec les appareils à incandescence, quatre à cinq fois plus considérable que celle des becs papillon. Tout en augmentant notablement la lumière sur la voie publique, la Ville a diminué, en 1902, de 579 610 francs sa dépense de consommation du gaz[1]. On a calculé que les charges de transformation des appareils ordinaires en becs à incandescence se trouvaient amorties en moins de quatre ans par l’économie obtenue.

Cette amélioration, partiellement réalisée en 1900, s’est développée au cours des années suivantes. Tout en réduisant notablement le cube du gaz consommé, elle a été avantageuse pour la Compagnie, ce qui semble paradoxal. Au lieu des anciens becs papillon, comptés à la Ville pour 110 litres à l’heure, qui étaient en majorité avant la transformation, on éclaire avec des becs à incandescence pourvus de rhéomètres à débit fixe, éprouvés avant leur mise en service. Or, afin d’éviter toute discussion avec les contrôleurs de la Ville, la Compagnie forçait d’environ un cinquième le débit des becs papillon, laissant la Ville bénéficier de 20 pour 100 du cube réellement brûlé, tandis qu’avec l’incandescence, la consommation réelle, réglée par les rhéomètres, correspond sensiblement à la quantité facturée à la Ville de Paris. Tout le monde y gagne.

Nous avons vu que le gaz doit être maintenu dans la canalisation sous une pression minima de 20 millimètres d’eau afin d’arriver aux brûleurs en quantité convenable ; mais la pression y est variable suivant l’altitude des quartiers, — les dénivellations sont beaucoup plus importantes à Paris qu’à Berlin ou à Londres, — et change aussi suivant l’heure de la journée. Tandis que la pression atteint à certaines heures 140 millimètres dans les conduites des quartiers hauts, elle redescend à 40 millimètres dans celle des quartiers riverains de la Seine. La pression la plus forte a lieu au moment de l’allumage généra), à la chute du jour ; le minimum n’est donné que de minuit au lever du soleil.

  1. On évalue à 9 900 000 francs la dépense annuelle de la Ville de Paris pour ses diverses charges d’éclairage public et l’éclairage des édifices communaux, dont 2 850 000 francs de gaz consommé et 1 800 000 francs pour frais d’entretien des appareils à gaz de la voie publique ; le surplus concerne l’électricité, l’huile et les dépenses générales du service de l’éclairage.