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de ces professeurs. L’étudiant externe travaillerait où et comme il lui plairait, sans autre obligation que de se présenter pour l’obtention des diplômes dans les délais prescrits. À ces deux ordres d’étudians s’adapterait une série d’examens, tantôt communs, tantôt distincts. L’examen d’entrée serait identique pour tous. L’intermediate et, plus tard, le baccalauréat seraient conférés aux étudians du dehors par un jury analogue au jury actuel, tandis que les étudians du dedans seraient examinés par leurs professeurs auxquels s’adjoindrait un étranger, afin d’assurer à la fois, dans le bureau, la compétence et l’impartialité. Enfin, pour l’obtention de la maîtrise ès arts et des doctorats, les deux ordres d’étudians se trouveraient réunis de nouveau devant les mêmes juges. Ce dédoublement, cela va sans dire, ne concernait pas la médecine, où la présence assidue de l’étudiant avait toujours été jugée nécessaire.

Cette combinaison réalisait, dans ses heureux côtés, mais non dans ses graves inconvéniens, le système des deux Universités présenté par University College et Kings College. Elle faisait tomber la principale objection des membres de la Convocation contre la réforme universitaire. En effet, il était manifeste que l’émulation entre les deux ordres d’examens et entre les deux corps d’examinateurs maintiendrait le niveau ancien, si même elle ne l’élevait. En sorte que les parchemins, laborieusement conquis depuis quarante ans, conserveraient tout leur prestige.

Restait à satisfaire un facteur très important dans la reconstitution de l’Université londonienne. Je veux dire l’élément démocratique, représenté par le County Council de Londres qui, en cette circonstance, comme en beaucoup d’autres, s’incarnait dans M. Sidney Webb. L’inspirateur de la Fabian Society, le fondateur de la London School of Economies est assez bien connu en France pour que je n’aie nul besoin de le présenter au public. Il a joué un rôle considérable dans les discussions qui ont préparé l’éclosion de la nouvelle Université : il en joue un, non moins considérable, dans la gestion de ses affaires, à présent qu’elle est créée. On pouvait craindre que ce rôle ne fût pas toujours bienfaisant. C’est que la démocratie était à la fois une force et un danger pour l’institution naissante. Jusqu’ici, les universités ont été essentiellement et exclusivement aristocratiques ; elles doivent le demeurer, je crois, dans une certaine mesure et pour un long temps encore. On ne saute pas, à pieds joints, de