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La position couchée est enseignée avec le plus grand soin. L’usage constant qui en est fait présente ce grand avantage, que la troupe, en ayant contracté l'habitude, exécutera le mouvement de se coucher et, ce qui est plus important encore, de se relever, comme un mouvement habituel du terrain d’exercice. Les Allemands parent ainsi, dans la mesure du possible, à la crainte, qui hante beaucoup d’esprits, de ne plus pouvoir, sous la feu, faire relever une troupe couchée. En pareille matière, l’habitude sera un puissant auxiliaire pour le chef.

La position couchée diminue la vulnérabilité et plus encore la visibilité de la troupe. Elle s’impose à la guerre, et il serait dangereux d’attendre ce moment pour en exiger la pratique constante. Les Allemands sont, avec raison, tellement convaincus de ce principe, que des troupes en réserve, arrêtées par un obstacle, sont couchées, même si elles ne doivent rester sur place qu’une ou deux minutes.

En 1902, dans les grandes manœuvres impériales exécutées près de Custrin, par les 3e et 5e corps, la nouvelle tactique s’accentue encore.

Les attaques en musique de jadis, exécutées par des troupes formées sur un grand nombre de lignes en profondeur, sont radicalement supprimées.

Il en est de même de la méthode de renforcement des lignes de tirailleurs, qui se faisait toujours par des unités constituées, marchant sur deux rangs, puis sur un rang, jusqu’à ce qu’elles fussent assez près de la chaîne pour s’y fondre.

Dès lors, on peut résumer le développement de l’attaque.

Le terrain d’approche comprend maintenant deux zones (l’une de 1 800 mètres à 700 mètres de l’ennemi, l’autre de 700 mètres jusqu’à l’assaut).

Dans la première zone, l’assaillant ne se disperse que si le terrain l’y oblige. Il progresse par fractions constituées et sans tirer, en utilisant tous les couloirs abrités qu’offre le terrain, jusqu’à 700 mètres environ. Il atteint ainsi la deuxième zone. La chaîne est alors formée. Elle ouvre le feu et progresse par bonds rapides et courts. Derrière la ligne de feu (tirailleurs couchés), se trouvent deux, trois, quatre lignes analogues de tirailleurs couchés ne tirant pas. Chaque ligne est formée de fractions indépendantes les unes des autres, qui se portent en avant d’après les indications de leur chef, suivant que le terrain devant elles