Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/876

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’attaque. Au Sud, une ligne de fer. A l’Ouest, des casernes. Le sol est gazonné et plat. Une large chaussée pavée, en remblai de 20 à 40 centimètres dans sa partie médiane, coupe ce terrain du Sud au Nord. C’est le seul abri qu’une troupe venant du Sud-Ouest peut trouver pour attaquer le bois au Nord-Est.

L’attaque disposait de trois bataillons avec de l’artillerie et de la cavalerie. Elle venait du Sud-Ouest, marchant contre le bois, défendu par deux bataillons et de l’artillerie.

Dès que l’avant-garde de l’attaque apparut, elle reçut des coups de canon de la défense. Elle envoya immédiatement en éclaireurs une vingtaine d’hommes, qui s’espacèrent sur un front d’environ 200 mètres et se couchèrent sans tirer.

A mesure qu’il débouchait, le reste du bataillon de tête s’égrenait par pelotons, qui obliquaient à gauche pour laisser l’espace nécessaire au bataillon qui suivait, et se couchaient.

Au bout de quelques instans, dans chacun des pelotons couchés, des groupes d’environ 10 hommes se levèrent, se portèrent en avant au pas de course en prenant entre eux des intervalles de 6 à 10 mètres, dépassèrent les éclaireurs et se couchèrent à leur tour.

Le second bataillon, en arrivant à la droite du premier, prenait une formation pareille et, dans chaque bataillon, le mouvement en avant ainsi entamé se continuait de la même manière ; des groupes se levaient, partaient au pas de course, dépassaient la première ligne, tout en prenant de grands intervalles et en se couchant à tous les arrêts.

L’aspect était donc celui d’une succession de lignes distantes de 30 à 35 mètres, dans chacune desquelles les hommes étaient couchés à de grands intervalles les uns des autres (de 8 à 15 mètres).

Sur tout cet ensemble, on apercevait des hommes en mouvement rapide, se déplaçant en lignes espacées ou par groupes. L’effectif de ces derniers diminuait constamment à mesure que l’attaque avançait.

La première ligne du bataillon de gauche, une fois arrivée à la partie de la chaussée qui donnait un couvert aux hommes couchés, s’y arrêta et ne se déplaça plus.

Alors toutes les autres lignes, continuant leur mouvement en avant, vinrent s’y fondre dans un mélange complet des unités. Mais on sait que les Allemands n’attachent à cette confusion aucune importance.