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Eylau. Le 3e corps joue ici le rôle qui lui avait été destiné à léna. Engagé contre des forces supérieures, donnant dans la masse russe, il a recours à toutes les formations, s’engage jusqu’au dernier homme, et lutte jusqu’à la limite de ses forces.

Les succès partiels qu’il a remportés sont infimes et plus que contestables ; c’est par sa situation seule qu’il oblige les Russes à évacuer le champ de bataille. Le reste de l’armée est en ordre déployé : « L’armée française, étant dans l’ordre mince, éprouva beaucoup moins de mal que l’ennemi, » dit la relation officielle.

Wagram. L’Empereur a cru d’abord que l’ennemi se trouvait au nord du Russbach, de sorte qu’il a déployé son armée de l’est à l’ouest, et il se disposait à faire son principal effort sur Wagram et Aderklaa, quand il aperçut les mouvemens de l’ennemi vers les ponts du Danube. Il fut obligé d’employer de ce côté le corps de Masséna, qu’il tenait en réserve, et, bientôt après, celui de Macdonald. Il n’a plus nulle part de forte réserve pour rafraîchir les attaques. Heureusement Davout parvient à refouler la gauche ennemie sans recevoir de renforts. La densité de l’ordre de bataille est sensiblement plus forte à Wagram qu’à Austerlitz : 160 000 hommes sont déployés sur 22 kilomètres environ, ce qui donne 7,5 à 8 hommes par mètre. La célèbre colonne de Macdonald est forte de 30 000 hommes environ sur un front de 2 kilomètres ; c’est une densité de 15 hommes par mètre. Contrairement à ce que l’on croit, son effet a été des plus médiocres. On sait que, sur ces 30 000 hommes, le dixième à peine arriva au bout de la marche, qui ne fut que d’un kilomètre à peine. Le reste reparut pourtant à l’appel du soir.

Il semble inutile de pousser plus loin les exemples : on est en droit de dire que ce n’est pas avec des attaques en masse que l’Empereur a remporté ses victoires, et cependant c’est dans ces attaques que le règlement de 1901 synthétise sa doctrine ; elle se résume, comme on l’a vu, dans l’action de masses lancées par le chef au moment voulu, droit sur l’ennemi.

Sans doute, il est entendu que la préparation de cette attaque doit être assurée avec le plus grand soin, par une action continue, « dure et laborieuse, » dit le règlement, dans laquelle l’infanterie et l’artillerie, superposant leurs feux, usent l’ennemi avant de l’aborder.

Cette action, qui est une des phases de la bataille-type théorique, est mise ainsi à la portée de tout chef. Le général choisit