Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/873

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de 13 kilomètres, depuis le Santon (inclus) jusqu’au delà de Telnitz, soit une densité moyenne de cinq hommes et demi par mètre.

A gauche, Murat et Lannes ont de 21 à 22 000 hommes sur un front de 3 600 mètres, soit 6 hommes par mètre.

A droite, les divisions Legrand et Friant, avec les dragons de Bourcier et les cuirassiers d’Hautpoul, ont 15 000 hommes sur 3000 mètres, soit 5 hommes par mètre courant.

Au centre, Soult s’engage avec deux divisions (13 000 hommes) sur un front de 5 000 mètres ; ces deux divisions (Saint-Hilaire et Vandamme) poussent le combat presque jusqu’au bout. Elles ont derrière elles, à 1 200 ou 1 500 mètres, les grenadiers d’Oudinot et le corps de Bernadotte (de 18 à 20 000 hommes), en formation très ouverte permettant une manœuvre rapide dans tous les sens. Plus loin encore, la Garde (5 000 hommes). Au total, 37 000 hommes, sur un front qui commence par être de 5 000 mètres et s’étend jusqu’à 7 000 ; la densité totale varie donc de 7 à 5 hommes par mètre, dont 2 hommes par mètre au plus sur le front de combat, pendant la plus grande partie du temps.

Ainsi la densité n’est pas très différente sur les divers points du champ de bataille[1].

Iéna. L’intention de l’Empereur était de décider la victoire par l’intervention de Davout. L’engagement des 7e, 5e et 4e corps n’est donc conduit que comme combat de front, et l’on n’y voit aucune combinaison. Cependant, le procédé tactique offre une singulière analogie avec celui d’Austerlitz : après deux heures de combat, les troupes de première ligne étant épuisées, « on fit avancer sur la première ligne toutes les troupes qui étaient en réserve. Le front, se trouvant ainsi appuyé, culbuta l'ennemi et le mit en pleine retraite. »

C’est ainsi qu’à Austerlitz, Bernadotte, Oudinot et la Garde étaient venus relever les deux divisions de Soult quand elles s’étaient trouvées absolument à bout de forces, après avoir soutenu tout le combat avec une densité de 1 à 2 hommes par mètre courant.

  1. Il convient de remarquer que l’attaque centrale n’était pas résolue d’avance aussi nettement qu’on l’explique dans les cours : l’Empereur avait massé les 5e, 1er, 4e corps, les grenadiers et la Garde autour de Girzikowitz et Schlapanitz, de manière à pouvoir les porter, soit sur Pratzen, soit au delà du flanc droit des Russes, suivant les mouvemens que feraient ceux-ci. Une attaque centrale n’est permise que si l’ennemi la prépare lui-même par ses faux mouvemens.