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Grand Océan. La Colombie britannique est un merveilleux pays, jouissant d’un climat tempéré, très sain, riche en forêts, en pâturages, en mines, plus riche encore, grâce à ses chutes d’eau et à ses forêts, en « houille blanche » et en bois, La côte, découpée en une multitude d’îles et de presqu’îles, offre d’excellens abris ; la rade de Victoria, cachée derrière l’île Vancouver, est l’une des plus belles et des plus sûres du monde. Malheureusement, les montagnes bordent de si près la mer qu’elles ne permettent qu’à peine à la culture de trouver sa place, et, dès que l’on s’avance vers le Nord, l’on rencontre la frontière de l’Alaska américain, qui, sur une grande étendue, ferme à la Colombie l’accès de la mer. Un arbitrage récent, où le gouvernement de Londres n’a pas donné satisfaction aux réclamations des Canadiens, a produit dans tout le Dominion un très vif mécontentement. Malgré ce désavantage, la Colombie britannique est appelée à un brillant avenir ; elle n’est accessible que depuis l’ouverture, en 1885, du chemin de fer transcanadien et elle compte déjà 200 000 habitans ; grâce au Transcanadien et à un service de paquebots rapides, qui relient Victoria à Nagasaki et à Chang-Haï, elle est aujourd’hui l’une des routes les plus fréquentées du globe.

Ainsi, parmi les terres où flotte le pavillon britannique dans le Pacifique, plusieurs sont déjà très prospères ou sont en voie de le devenir ; mais ces anciennes « colonies » sont aujourd’hui des organismes politiques autonomes ; et si faibles sont les liens qui les unissent à « l’Empire » qu’on s’est demandé s’ils n’étaient pas plus onéreux qu’avantageux pour la mère patrie. Le Canada accorde à la métropole des tarifs de faveur, parce qu’il cherche à augmenter son commerce avec les Iles-Britanniques pour se défendre contre l’absorption économique dont le menacent ses puissans voisins. Mais les douanes australiennes appliquent aux produits anglais le même traitement qu’à tous les autres : le commerce très considérable que la Grande-Bretagne fait avec la « Fédération » ne serait donc pas compromis si l’indépendance politique de l’Australie était complète, et elle ne risquerait pas, à propos des Nouvelles-Hébrides ou de quelque archipel polynésien, de se trouver dans l’alternative, ou d’abandonner à elle-même sa colonie, ou de se voir entraînée par elle dans un conflit avec une grande puissance européenne. M. Chamberlain et les « impérialistes » proposent, au contraire, une