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devenu une vieille habitude, on m’en cite d’arrivées à leur cinquième année d’études ! Il est vrai que, jusqu’ici, elles touchaient une indemnité de trois francs par mois pour leur présence aux cours. Mais les nouveaux traitemens vont modifier cette condition. En effet, voici l’augmentation de salaire entrée en vigueur. Désormais, l’infirmière qui recevait trente francs, plus trois francs pour le diplôme, touchera régulièrement trente-trois francs par mois... Et je ne vois pas Lien Où se trouve l’amélioration de condition, si brillamment annoncée en de grands discours ! Il est vrai que l’infirmière de première classe recevra quarante et un francs, mais, étant donné qu’elle avait depuis 1897 trente-quatre francs de salaire fixe, plus trois francs de diplôme, soit trente-sept francs, et qu’actuellement elle doit pourvoir à ses frais de blanchissage, ces quatre francs d’augmentation semblent bien illusoires.


Février 1903. — J’ai commencé mon stage dans un des services de la Pitié, salle de femmes, chirurgie ; et cette initiation me paraît être le complément indispensable du cours pratique de petite chirurgie. Je m’étonnerais même que ce stage ne fût pas obligatoire, si je n’eusse constaté que, pour la plupart des élèves, toute notion pratique restera absolument inutilisée. En effet, la majeure partie des étudiantes libres travaille en vue d’obtenir, soit le poste de « dame déléguée » de l’Assistance publique, soit celui de dame visiteuse de nourrissons ou de dispensaires. Ces deux situations dépendent ou du préfet de la Seine ou du directeur de l’Assistance publique. Le diplôme est le pont à franchir pour être admise à présenter une candidature. Cette condition remplie, les places sont réparties à la faveur, fréquemment sous des influences politiques. Et ces fonctions ne donnent en réalité que de rares occasions d’exercer les connaissances acquises.

Excellente impression de ma première visite. Dans la grande salle blanche, les lits sont bien tenus, les tables à pansement, le lavabo roulant, d’une propreté absolue. La surveillante, femme d’une cinquantaine d’années, au sourire bienveillant, va et vient, attentive et discrète. On juge d’emblée que ses malades l’aiment. Quarante lits, quelques brancards supplémentaires. Mme Z... est secondée par une infirmière de première classe et deux auxiliaires. Je reconnais l’une de celles-ci pour l’avoir remarquée