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l’infirmière, qui se bornent à tenir les écritures d’entrée et de sortie des salles, le professeur, suivant fidèlement son programme obligé, entre dans des vues générales sur la condition du personnel hospitalier. Et les promesses miroitent. Bientôt, on séparera les services. L’infirmière proprement dite sera chargée exclusivement des gros ouvrages et les diplômées n’auront plus à veiller qu’au soin des malades. Division évidemment heureuse et qui modifiera un état de choses défectueux. Actuellement, la même infirmière qui, de grand matin, a accompli les plus répugnantes besognes, qui ensuite a dû laver et le plancher de la salle et les tables à pansement, — sans compter le reste, — doit, à l’arrivée du chirurgien et des internes, aider aux soins les plus minutieux, et, souvent, faute de personnel, pratiquer elle-même des pansemens pour lesquels la plus rigoureuse asepsie serait nécessaire.

Mais depuis combien d’années est-il question de cette réforme demeurée toujours à l’état de projet !

Tandis que je songe, le professeur a continué. A présent, il s’agit de laïcisation. « La société civile a le droit et le devoir de se suffire à elle-même... » « Le dévouement n’est pas le monopole des religieuses (c’est le texte même du manuel). » Et il énumère les avantages du personnel laïque sur le personnel religieux. Désintéressement : la religieuse travaille pour le paradis, l’infirmière n’y pense même pas. Docilité : la sœur n’est pas docile, les observations du médecin ou du directeur la laissent indifférente. Il n’en est pas de même de l’infirmière laïque, dont l’intérêt est d’être bien notée. (Voilà le mobile qu’on substitue ici à celui d’une récompense future...) Assiduité : l’infirmière n’est pas éloignée du malade par l’attrait de la chapelle. (Hélas ! que d’autres attraits, moins excusables, la séduisent !) Instruction professionnelle, liberté de conscience, les avantages de l’infirmière laïque sur la congréganiste nous sont successivement énumérés. Et tout cela se termine par cette encourageante péroraison : « En suivant bien ces conseils, vous vous signalerez à l’attention de vos professeurs, de vos directeurs, vous obtiendrez votre diplôme, et l’avancement auquel vous aspirez vous sera prochainement accordé. »

Cet avancement, quel est-il ? En 1872, l’infirmière auxiliaire touchait 25 francs par mois ; l’infirmière de 2e classe, 27 francs ; l’infirmière de 1re classe, 31 francs par mois. Depuis 1897, l’auxiliaire