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formeraient un cube d’un vingtième de micron de côté. Mais, en réalité, les molécules d’un corps ne se touchent pas et sont séparées par des intervalles relativement assez considérables. D’après Würtz, pour les gaz, la valeur moyenne de ces intervalles, à 0° et à la pression atmosphérique, est d’environ 9/100 de micron, c’est-à-dire 120 fois, à peu près, le diamètre des molécules. Quant au nombre de molécules contenues dans un centimètre cube de gaz, toujours à la pression et à la température que nous venons d’indiquer, on l’évalue à 21 X 1018, c’est-à-dire à 21 000 quatrillions (en comptant à la française), ce nombre, d’après l’hypothèse d’Avogadro, devant être le même pour tous les gaz. Comme, à l’état solide ou liquide, les intervalles moléculaires sont beaucoup plus petits qu’à l’état gazeux, 30 fois environ, le nombre de molécules contenues dans un centimètre cube serait certainement, pour un solide ou un liquide, plusieurs milliers de fois plus considérable que celui qui vient d’être donné.

On peut, d’ailleurs, se faire une idée plus saisissante des dimensions de ces infimes particules de matière en imaginant, comme le fait lord Kelvin, « une sphère d’eau ou de gaz, de la grosseur d’un ballon de barette (16 centimètres de diamètre), qui serait agrandie jusqu’à avoir la dimension de la Terre, chacune des molécules qui la constituent étant amplifiée dans la même proportion. La sphère ainsi amplifiée aurait une structure intermédiaire, très probablement, entre celle d’un amas de grains de plomb et celle d’un amas de ballons de barette. »

Inutile de se préoccuper des dimensions des atomes, qui sont, évidemment, du même ordre de grandeur que celles des molécules. Mais, en ce qui concerne les poids absolus de ces particules, poids qui, d’après ce que nous avons dit plus haut, sont tous des multiples du poids de l’atome d’hydrogène, il est intéressant d’en avoir une idée :

On admet généralement que le poids d’une molécule d’hydrogène est de 1/144 X 1018 milligramme, c’est-à-dire qu’il faut 144 quatrillions de ces molécules et, par suite, 288 quatrillions d’atomes d’hydrogène pour faire un milligramme de ce gaz. Si l’on réfléchit que nos microbalances les plus sensibles estiment à peine le dix-millième de milligramme, soit 1/107 gramme, on voit