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le veut l’hypothèse d’Avogadro, — qui revient à admettre que les nombres de molécules contenues dans deux volumes de gaz sont proportionnels à ces volumes, — 1, 2, 3,... volumes d’un gaz avec 1, 2, 3, 4,... volumes d’un autre. Or, cette prévision logique fut vérifiée par Gay-Lussac et Humboldt, et il importe de remarquer que cette loi volumétrique des combinaisons découlant naturellement, grâce à l’hypothèse d’Avogadro, de la loi de Dalton, cette dernière et la loi plus importante encore de Proust se trouvent admirablement confirmées.

Mais ce qu’il est le plus essentiel, ici, de mettre en lumière, c’est l’introduction dans la science de cette nouvelle hypothèse, dite hypothèse moléculaire, qui se greffe sur l’hypothèse atomique, la complète, la fortifie, en même temps qu’à l’ancienne notion d’atome elle ajoute celle, plus récente, de molécule.

Tous les corps sont, en effet, considérés aujourd’hui comme des agrégats de molécules, c’est-à-dire de particules excessivement petites, physiquement insécables, séparées les unes des autres par des intervalles excessivement petits, vides de toute matière pondérable. Différentes si le corps est hétérogène, elles sont identiques entre elles s’il est homogène, c’est-à-dire s’il constitue une espèce chimique définie. Quant aux molécules elles-mêmes, on doit se les représenter comme des agrégats d’atomes, c’est-à-dire de particules excessivement petites, insécables et que l’affinité maintient réunies, ces atomes étant identiques ou non entre eux, suivant que la molécule appartient à un corps simple ou à un corps composé. Des intervalles excessivement petits aussi, vides de toute matière pondérable, — que l’éther seul pénètre, comme il pénètre les intervalles moléculaires, — séparent les uns des autres les atomes d’une même molécule.

Non seulement l’hypothèse d’Avogadro a l’avantage, en reliant entre elles les lois, physiques et chimiques, auxquelles obéissent les gaz, de nous faire pénétrer plus avant dans la connaissance de la structure intime de la matière pondérable, mais elle permet encore de fixer les poids des molécules et des atomes, les poids relatifs seulement, car, en ce qui concerne les valeurs absolues de ces masses infimes, la science ne peut fournir actuellement que des données assez incertaines. Par cela même, en effet, que l’on admet que des volumes égaux de gaz ou de vapeurs contiennent le même nombre de molécules, il est clair que les