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suite d’une innombrable série d’expériences, parvint à démontrer et à faire accepter par tous les chimistes du commencement du XIXe siècle. On peut même, en s’appuyant sur la loi ainsi trouvée par Proust, prévoir, ce qui est encore en conformité avec la notion d’atome, que, lorsqu’un corps, simple ou composé, forme avec un autre, simple ou composé, plusieurs combinaisons, le poids de l’un d’eux étant considéré comme constant, les poids de l’autre doivent varier entre eux proportionnellement aux nombres naturels 1, 2, 3, 4, 5, 6... L’expérience confirme cette prévision et, de là, une nouvelle loi, énoncée et démontrée par Dalton, loi qui a donné à cet esprit éminent l’idée d’établir les bases de la chimie sur l’hypothèse de Démocrite.

Ce progrès devait en amener un autre : Dans la première moitié du XVIIIe siècle, D. Bernouilli, pour expliquer les propriétés spéciales des gaz et, en particulier, leur égale compressibilité, démontrée par les expériences de Mariotte et de Boyle, avait émis l’hypothèse, connue sous le nom de constitution cinétique des gaz, que les particules qui forment ces corps sont animées de mouvemens rectilignes, très rapides, dirigés dans tous les sens, et dont la vitesse varie avec la nature du gaz. En s’entrechoquant et en rebondissant les unes contre les autres, ces particules tendent à s’épandre indéfiniment, leurs chocs réitérés et simultanés contre un obstacle produisant ce qu’on appelle la pression du gaz, pression qui est continue à cause de leur grand nombre. Quelques années après les découvertes de Proust et de Dalton, un physicien italien, Avogadro, eut l’idée de compléter l’hypothèse de Bernouilli en proposant : d’abord, de considérer ces particules, qu’on appelle aujourd’hui molécules, comme ne pouvant être divisées par les forces physiques, les forces chimiques, seules, étant capables de les dissocier ; ensuite, d’admettre que leur nombre est le même pour des volumes égaux de gaz ou de vapeurs, simples ou composées, ces volumes étant mesurés à la même pression et à la même température.

L’hypothèse ainsi complétée, non seulement il devient aisé d’expliquer pourquoi tous les gaz, d’après une loi découverte par Gay-Lussac, possèdent la même dilatabilité pour la même élévation de température, mais, de plus, il est à prévoir que leurs combinaisons doivent, conformément à la loi de Dalton énoncée plus haut, s’opérer comme il suit : 1, 2, 3,... molécules d’un gaz avec 1, 2, 3, 4,... molécules d’un autre, ou, comme