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exemple, la relation est renversée : le plus grand nombre des aurores boréales correspond à la période du minimum des taches solaires.

Le parallélisme entre les taches et les aurores s’est manifesté nettement, pour ne parler que du dernier siècle, dans les hivers de 1859-1860 et de 1870-1871, signalés à la fois par l’ampleur des taches et par la fréquence et l’étendue des manifestations aurorales.


On a un autre exemple de ce parallélisme remarquable des Jeux ordres de phénomènes. Les taches présentent une période courte, d’environ vingt-huit jours (27,7) correspondant à la rotation apparente du soleil. Une période identique ou très voisine a été notée dans le retour des aurores. C’est ainsi qu’en 1859 deux aurores étendues se sont suivies à trente jours d’intervalle, le 1er septembre et le 1er octobre. De même, en 1870, deux autres se succèdent à vingt-neuf jours d’intervalle le 3 janvier et le 1er février ; et à trente jours, le 24 septembre et le 24 octobre. Aux Etats-Unis, Veeder a retrouvé exactement les intervalles de 27 jours, 7. Cet observateur était parti de l’idée que, si une aurore se produit pour une certaine disposition des taches, il y a tendance au retour du phénomène quand le disque solaire se représente à la terre de la même manière. Une étude récente de T. W. Backhouse sur les aurores observées de 1860 à 1900 à Sunderland, dans le nord-est de l’Angleterre, a fourni des résultats favorables à cette vue. Mais Veeder est allé plus loin. Ce ne sont pas, selon lui, des taches placées d’une manière quelconque qui peuvent exercer une action : ce sont celles seulement qui sont accumulées sur le bord oriental du disque solaire[1].


XI

L’examen de la lumière aurorale a fourni sur son origine les renseignemens les plus précieux. On s’est demandé d’abord si c’est une lumière propre que les arcs d’aurore ou les couronnes

  1. La perturbation magnétique du 31 octobre dernier s’est produite en conformité avec ces règles. Elle a coïncidé avec une forte apparition de taches solaires. Nous approchons de l’époque du maximum de ces taches qui revient tous les onze ans (onze ans et deux mois d’après Rudolf Wolf). Les taches du soleil ont été à leur minimum en 1893 : elles atteindront leur plus grand développement en 1904-1905. On verra alors une recrudescence d’orages magnétiques et d’aurores polaires. Les phénomènes du 31 octobre se sont produits, conformément aux idées de Veeder, au moment où de très grandes taches solaires, déjà aperçues au commencement du mois, sont revenues tangentes au bord oriental du disque.