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En définitive, il y a une sorte d’opposition, au point de vue de la répartition annuelle des aurores entre les régions moyennes et les régions circumpolaires. cette opposition a reçu, il y a quelques années, une explication très simple de la part du savant météorologiste danois M. Paulsen. Au moment où les manifestations aurorales sont actives aux latitudes basses, elles sont rares aux latitudes plus élevées, en vertu d’une sorte de compensation. Ce jeu de bascule est facile à concevoir si l’on veut bien se reporter aux causes de la production de ces phénomènes. On admet généralement que les aurores sont des décharges électriques ; qu’elles sont dues à un flux d’électricité engendrée à l’équateur, qui s’élève très haut pour se déverser successivement sur la terre le long de chaque méridien, en remontant vers le pôle. C’est la théorie admise depuis Volta jusqu’à Edlund. Dans cette manière de voir, la production équatoriale restant constante, le déversement aux latitudes basses réduit évidemment la part des latitudes hautes.


X

La loi de périodicité séculaire exprime la répartition des aurores au cours des années successives. Cette répartition non plus n’est pas uniforme ; il y a des années favorisées ; il y en a de sacrifiées. — Les années favorisées paraissent être celles où les taches solaires sont le plus abondantes. La périodicité des aurores se rattacherait ainsi à la périodicité des taches du soleil. L’idée est assez ancienne. La coïncidence avait été signalée déjà par Mairan, en 1745. En compulsant les documens fournis par les historiens et les chroniqueurs, il avait noté une reprise des apparitions aurorales en rapport avec le retour des taches. Depuis lors, l’existence d’une relation de ce genre entre les deux sortes de phénomènes n’a pas cessé de préoccuper les savans. Stevenson, R. Wolf, Secchi, Hansteen, Loomis, Lovering, H. Frilz, ont essayé de la justifier. Ils y ont réussi. C’est une loi de fait, désormais hors de discussion. H. Fritz l’a formulée ainsi : « Le nombre et l’importance des aurores polaires suivent exactement les mêmes variations que les taches solaires : les époques des maxima et des minima coïncident presque exactement pour les deux ordres de phénomènes. »

Ce n’est pas à dire que leur relation, très réelle, soit nécessairement