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le point le plus septentrional de sa course, redescend en Amérique, coupe la baie d’Hudson et le Labrador, et se ferme sur elle-même bien au-dessous, du Groenland et de l’Islande. C’est là, sur les bords de ce vaste cercle, que l’activité aurorale atteint son plus haut degré de fréquence et d’éclat. — A l’intérieur de cette circonférence, le nombre des aurores va en diminuant de plus en plus. Au pôle des aurores, il atteindrait sa plus faible valeur. Tous les explorateurs qui ont cherché à atteindre le pôle par l’Ile Melville et le détroit de Smith, ont vu, en effet, les aurores devenir plus rares et plus faibles à mesure qu’ils s’élevaient en latitude, il en est de même tout le long de la côte groenlandaise.

Il n’est donc pas vrai d’admettre, comme l’ont fait quelques physiciens pour la plus grande commodité de leurs vues théoriques, que la fréquence des aurores s’accroît d’une manière continue avec la latitude. Elle s’accroît bien jusqu’à un certain degré ; mais elle diminue ensuite. Il y a une courbe du maximum de fréquence, à partir de laquelle, sur chaque méridien, le nombre des aurores diminue, de quelque côté que l’on marche, vers le Nord ou vers le Sud. — Toute tentative d’explication de la cause des aurores boréales doit compter avec cette loi de fait.


En ce qui concerne les aurores australes, M. Angot n’a rien dit de leur répartition géographique en fonction de leur fréquence. Il considérait les documens comme insuffisans, les observations comme trop peu nombreuses et faites en des stations trop éloignées. — Quelques années plus tard, en 1898, W. Boller est revenu sur cette question. En réunissant tous les documens recueillis par Neumayer à l’Observatoire de Melbourne, par Sabine à Hobarttown, les observations faites à Sydney, celles des navigateurs, de Dumont d’Urville, de Ross, et des simples baleiniers, il a pu constituer un dossier comprenant 1 582 observations qui se rapportent à 791 aurores, notées dans un espace de temps qui commence à 1 640 pour finir à 1 895. W. Boller a pu, ainsi, tracer sur la partie australe de la mappemonde les lignes de fréquence, comme Fritz l’avait fait dans l’hémisphère boréal. La rareté des documens ne permettait pas, à la vérité, d’exécuter ce travail avec le même degré défini que le précédent. Néanmoins, il a été possible de dessiner, sans incertitude, trois lignes de fréquence : faible, moyenne, forte, correspondant environ à 30,