Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les autres, au contraire, par leur extension universelle, échappent aux contingences locales : on conçoit qu’elles ne soient soumises qu’aux agens terrestres les plus généraux ou aux causes cosmiques et par exemple à l’influence exercée par les taches solaires.

Si ces vues sont fondées, comme il semble bien qu’elles le soient, il faudra pour les deux espèces d’aurores polaires deux systèmes d’explications différentes. Il faudra deux théories, et non pas une seule, pour rendre compte de leur formation. Les unes et les autres, à la vérité, seront produites, selon la doctrine d’Edlund, par le retour à la terre de l’électricité engendrée à l’équateur. Mais, dans l’une, les causes locales (pression, température, humidité, nébulosité) auront une influence prédominante : ce seront elles qui régleront l’écoulement de l’électricité de la zone équatoriale vers les zones tempérées et glaciales, — Dans l’autre, ces contingences disparaîtront ; le phénomène de l’écoulement électrique sera gouverné par des causes plus générales, plus dignes de recherche. C’est cet ordre de phénomènes, ce sont ces aurores polaires, à grande extension, particulières aux pays de latitude septentrionale moyenne, d’altitude zénithale considérable, en rapport étroit avec les variations du magnétisme terrestre, qui occupent surtout l’attention des météorologistes et des physiciens.


V

Les figures des aurores, les formes qu’elles revêtent sont très variables suivant les lieux et les époques. Les couleurs, au contraire, présentent une assez grande uniformité : celle qui domine est le blanc légèrement teinté de jaune : le vert et le rouge s’y ajoutent suivant des règles très précises.

Tandis que les voyageurs n’ont vu dans la description des diverses formes d’aurores qu’une occasion d’exercer leur talent littéraire, les savans se sont efforcés de les rattacher à une classification méthodique. Ils ont ramené l’infinie variété des aspects à quatre : la nuée, l’arc, la draperie, la couronne.

Une des formes les plus communes des aurores boréales est celle de simples nuées lumineuses. Elles ne sont pas toujours faciles à distinguer des nuages légers qui circulent dans le ciel à une assez grande hauteur et que l’on appelle des cirrus. Les