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scandinave, avec Tobiésen, hibernait dans l’archipel de la Nouvelle-Zemble, à une soixante de lieues plus au Sud. Or, sans parler de quelques aurores communes, chacune de ces expéditions en observa un certain nombre qui ne dépassèrent point leur lieu d’origine et échappèrent aux deux missions voisines.

Pour beaucoup de ces météores, la hauteur au-dessus de la surface du globe fut trouvée très minime. L’aurore observée par Parry, le 27 janvier 1825, était à 210 mètres d’altitude ; une autre, signalée par S. Fritz, le 26 février 1872, était située à environ 55 mètres du sol. Trevelyan a noté, aux îles Shetland et Féroë, une lueur aurorale qui n’était qu’à 15 mètres au-dessus du niveau de la mer, Lemström, enfin, en 1871, a prétendu s’être trouvé engagé au sein même du phénomène, en pleine masse aurorale : il constatait, de tous côtés, autour de lui, une luminosité spéciale, et le spectroscope donnait, dans tous les sens, la raie jaune brillante caractéristique du spectre des aurores.

Il n’est donc pas douteux que les aurores locales, qui se manifestent dans les contrées les plus septentrionales du globe, à une latitude toujours supérieure à 55 degrés, sont des manifestations voisines du sol — infiniment plus voisines, en tous cas, que les aurores de la zone tempérée. Il faut ajouter, pour en compléter la physionomie, qu’elles ne suivent pas exactement les lois de périodicité auxquelles sont soumises les aurores à grande extension. Elles n’apparaissent pas, comme le voudrait la loi de Mairan, aux époques des équinoxes de printemps et d’automne. Au contraire, il semble que leur maximum de fréquence coïncide avec le solstice d’hiver.

Une autre opposition entre ces petites aurores et les autres résulte de ce qu’elles sont très nombreuses, à toute époque, et presque quotidiennes, en certains endroits. — A Bossekop, par exemple, sur les côtes de Laponie, sur 201 jours qu’y séjourna Bravais, 151 furent marqués par des aurores.

Autres différences. Les aurores locales des régions très septentrionales étant solstitielles tandis que les grandes aurores sont équinoxiales, ne peuvent montrer la coïncidence avec les taches solaires qui est le fait de celles-ci. Elles échappent, en un mot, aux causes générales, extra-terrestres, solaires ou cosmiques. Elles sont d’origine confinée. Ce sont des circonstances locales, topographiques, ayant leur point de départ dans l’atmosphère circonvoisine ou dans le sol, qui en règlent l’apparition et l’ampleur.