Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II

L’histoire naturelle dos aurores polaires envisage toutes les particularités de leur histoire : leur distribution géographique, leur position dans le ciel, leurs formes, leur étendue, leur éclat plus ou moins intense, leurs couleurs plus ou moins variées, les odeurs et les bruits qu’on a voulu rattacher à leur apparition, leur fréquence dans les différens lieux du globe, leur périodicité, les phénomènes de nature électrique et magnétique qui les accompagnent, et enfin, les manifestations cosmiques dont elles semblent dépendre, telles que les taches solaires. L’examen de toutes ces particularités dépasserait le cadre d’une simple revue et ferait d’ailleurs double emploi avec des ouvrages fort bien informés, et d’une lecture attachante, comme est celui de M. Angot. Nous devons nous borner à signaler les acquisitions récentes de la science sur tel ou tel de ces différens détails, et les conclusions auxquelles elles conduisent.

La plus générale de ces conclusions, c’est qu’il n’est pas certain que tous les phénomènes classés sous le nom d’aurores, soient de même nature. On est irrésistiblement conduit à admettre, avec M. Angot, que les météorologistes ont confondu, à tort, sous cette appellation univoque, deux espèces de manifestations différentes, et presque hétérogènes. Tout au moins, faut-il distinguer deux catégories d’aurores polaires : les aurores à grande extension propres aux régions tempérées de notre hémisphère ; et les aurores locales qui sont particulières aux régions hyperboréennes. Ces deux sortes de manifestations naturelles ne sont comparables à aucun point de vue, sauf peut-être sous le rapport de leur cause prochaine, qui serait, dans les deux cas, une décharge électrique à travers des gaz raréfiés.


III

La première catégorie comprend les aurores polaires à grande extension. Ce sont des manifestations météoriques visibles sur d’immenses espaces ; elles couvrent une grande partie de l’hémisphère où elles apparaissent et quelquefois cet hémisphère tout entier. Il arrive même qu’elles s’étendent aux deux hémisphères et qu’elles enveloppent le globe dans sa totalité, à l’exception,