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solaires, et des perturbations électro-magnétiques avec les aurores boréales est habituelle. Il y a entre elles un lien plus ou moins étroit, qui a été soupçonné depuis longtemps, mais que la science contemporaine a essayé de mieux préciser. L’examen de ces mystérieux rapports est rattaché par les astronomes, les physiciens et les météorologistes à l’histoire des aurores boréales et au problème de leur origine. — L’événement du mois d’octobre dernier nous offre une occasion d’exposer l’état de nos connaissances sur ces questions.


I

Les aurores polaires sont mal nommées. C’est un spectacle qui n’a que bien rarement quelque ressemblance avec le lever du soleil. Il n’est pas auroral et il n’est point polaire : car, d’après ce que l’on peut savoir, il fait défaut au pôle même et dans les régions circonvoisines. Mais les autres noms proposés ne valant pas mieux, on peut garder celui-ci. A défaut d’autres avantages, il offre celui d’une ancienneté respectable. Il fut employé pour la première fois par Grégoire de Tours ; il a été repris, en 1621, par Gassendi, et depuis lors il est resté en usage en France et en Angleterre.

Les marins et les explorateurs des contrées septentrionales ont très fréquemment décrit les aurores polaires. La variété de ces descriptions est infinie : elle correspond à la variété des objets. Le phénomène revêt des formes particulières innombrables : de plus, — et c’est là un de ses caractères essentiels, — il n’offre pas de fixité. Les aurores sont des feux mobiles : leur configuration varie d’un cas à l’autre, d’un moment à l’autre ; et, lorsque la forme ne varie pas, c’est l’illumination qui change, de telle sorte que ces jeux de lumière pourraient être comparés à ces pièces d’artifice dont le dessin se maintient par un flux de particules embrasées qui se succèdent, ou encore aux figures lumineuses obtenues par de petites flammes gazeuses que le souffle du vent couche, fait courir, éteint et rallume successivement. « Un rayon chasse l’autre, » a dit Nordenskiöld à propos de ces météores.

Cette mobilité lumineuse est évidente dans les aurores bien caractérisées, c’est-à-dire dans les aurores à rayons que l’on observe dans les régions septentrionales et qui forment un spectacle