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IV

Il reste encore aux Alliés un devoir impérieux à accomplir : la délivrance de la mission catholique du Pétang, dont les Légations sont sans nouvelles depuis soixante jours, bien que cet établissement soit distant de 3 000 mètres à peine de ces dernières. Mais cette action militaire nécessite une préparation sérieuse en même temps qu’elle intéresse la direction générale des opérations des Alliés, car elle doit conduire les troupes à l’occupation de la ville et des jardins impériaux, qui sont encore entièrement aux mains des Réguliers. En effet, le contingent américain qui, dans la journée du 15 août, tente de pénétrer dans le Palais impérial par la porte Sud, compte 6 tués, dont un capitaine, et 19 blessés. D’autre part, les Japonais ne parviennent que le soir de ce même jour, après avoir eu 8 tués et 89 blessés, à s’établir devant les portes Nord et Est de la Ville impériale, qu’ils ne réussiront à forcer que le lendemain. En ce qui le concerne, avec les 350 fantassins qui constituaient ses effectifs, le corps français ne peut songer, sous peine de courir au-devant d’un insuccès, à entreprendre la délivrance du Pétang, le général commandant le contingent américain, qui devait concourir à cette opération avec 500 à 600 hommes, venant de l’aviser que toutes ses troupes sont engagées dans une action contre le Palais impérial et qu’il lui est impossible de se démunir d’une fraction quelconque de ces dernières. De concert avec le ministre de France, le général Frey remet en conséquence l’opération au lendemain. Le soir même, à la conférence des généraux, il fait part de ses projets aux chefs des contingens, et demande la coopération d’un bataillon russe et d’un bataillon anglais, coopération qui lui est accordée avec empressement. Le 16 août, le général Frey marche sur le Pétang avec le contingent français, renforcé par 30 cosaques et 350 pionniers ou tirailleurs sibériens ; par 350 Anglais ou Sikhs ; par les trois petits détachemens de marins français, autrichiens et italiens, qui venaient de défendre les Légations d’une manière si brillante, et enfin par un groupe de combattans, de composition peu banale, ayant à sa tête le Ministre de France et formé par les volontaires et par le personnel de la Légation : MM. d’Anthouard, Morisse, Berteaux, Filippini, les médecins-majors Matignon et de Talayrach, Feit, Saussine, Pelliot, interprète de