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Sur la demande du général Linéwitch, un officier, suivi d’une section de soldats du génie russe, se rendit aussitôt au cantonnement français avec mission de procéder d’urgence, au moyen de perches mises à sa disposition, à la confection, pour en munir son corps, d’une vingtaine d’échelles du même modèle.

Le général commandant corps français, dès son retour au camp, donne ses ordres pour se conformer aux dispositions arrêtées par les chefs alliés. Une centaine d’hommes, pris parmi les plus fatigués, sont laissés pour la défense du poste de Tong-Tchéou, la situation du cantonnement français, en flèche vers le nord, exigeant au minimum cet effectif. Une escouade est détachée à la sortie du faubourg sud pour guider les fractions attendues et qui ont ordre de rallier la colonne sous les murs de Pékin. Les troupes désignées pour marcher comprennent : un chef de bataillon, le commandant Feldmann, 15 officiers et 330 soldats d’infanterie de marine ; un chef d’escadron, le commandant Faniard, deux batteries de 80 de montagne et une batterie de 80 de campagne servies par 9 officiers et 250 artilleurs, dont une centaine de canonniers auxiliaires annamites.

La force principale du corps français consiste, ainsi, dans ces trois batteries, qui représentent, surtout eu égard à l’instruction supérieure du personnel qui les servait et à la puissance de la batterie de 80 de campagne, un élément important de la force d’artillerie de l’armée internationale.

La colonne, pour la commodité de la marche, est fractionnée en trois groupes, se suivant à une demi-heure d’intervalle :

1er groupe. — Deux compagnies d’infanterie de marine ;

2e groupe. — Deux compagnies d’infanterie de marine, avec les deux batteries de montagne ;

3e groupe. — Deux compagnies d’infanterie de marine, avec la batterie de campagne.

Le premier groupe se mit en marche à onze heures trente du soir. L’obscurité de la nuit, le mauvais état des chemins défoncés par une pluie diluvienne tombée dans la journée, puis dans la soirée, rendirent la marche lente et pénible.

Le 14, à une heure trente du matin, le premier groupe franchit le pont de Palikao pour s’engager sur le chemin qui longe, à une distance de 100 à 150 mètres, la rive sud (rive droite) du Canal Impérial. Vers quatre heures trente du matin, la colonne dépasse un cantonnement-bivouac comprenant quelques centaines