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soir, au quartier général russe. Le général Frey, en se rendant à cette réunion, reçut un nouvel avis priant les généraux en chef de remettre cette conférence au lendemain 13 août, à neuf heures du matin, la journée du 13 paraissant au général russe devoir être consacrée à donner du repos aux troupes exténuées par les fatigues des jours précédens. Les généraux japonais, anglais et américains, dont les camps se trouvaient à proximité du camp russe, se réunirent et, après s’être concertés, allèrent trouver le général Linéwitch, pour lui déclarer que leur avis était de poursuivre, dès le lendemain même, 13 août, la marche sur Pékin. Le général japonais fit savoir en même temps qu’il avait poussé un fort détachement au delà du pont de Palikao, au tiers de la distance de Tong-Tchéou à Pékin.

En définitive, il fut arrêté dans cette conférence que la journée du 13 serait employée par les alliés à effectuer des reconnaissances dans la direction de Pékin : les Japonais, par les chemins qui sont au nord de la voie dallée ; les Russes, par cette voie même ; les Américains, par le chemin qui longe la rive sud du Canal Impérial ; enfin, les Anglais, par une route parallèle et qui passe à un kilomètre, environ, au sud de cette dernière. Dans la journée du 14, les corps d’opérations devront se porter en avant et prendre une formation de rassemblement sur les deux rives du Canal Impérial, sur un front marqué par une ligne qui serait tracée à trois milles, environ, à l’est des murailles de Pékin, les Français établis à hauteur et à la gauche des Russes. Dans une conférence qui devra avoir lieu dans l’après-midi de ce même jour, au bivouac russe, les dispositions seront arrêtées en vue de l’attaque générale, pour la nuit du 14 au 15 août ou pour la matinée du 15, des murailles de Pékin, et de l’occupation de cette capitale.

Le 13 août, à dix heures du matin, le général Frey eut, au quartier général russe, avec le général Linéwitch et avec son chef d’état-major, le général Wassilewsky, un long entretien, rendu laborieux par l’absence des officiers russes qui leur servaient habituellement d’interprètes. Le général Linéwitch lui fit connaître que, dans l’après-midi de la veille, pendant la conférence des généraux, son chef d’état-major, avec un escadron de cavalerie, avait poussé, par le chemin qui suit la rive sud du Canal Impérial, une reconnaissance qui avait constaté que la route de Pékin était libre. Dans le cours de cette reconnaissance, un interprète