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conséquence prier le pape de hâter l’ordination du novice, ou bien, si la chose était impossible à Rome, il espérait l’obtenir à Paris, par l’entremise du roi son cousin, ou de sa sœur Madame Henriette ; ou bien encore l’ordination pourrait être célébrée secrètement à Londres, « où les deux reines avaient des évêques à leur volonté. » Par le même courrier, le roi écrivait à son fils une lettre pleine de tendres avis et de séduisantes promesses. Il l’engageait à prendre soin de sa santé, qu’il savait délicate, et à éviter les excès d’ascétisme. Il lui disait que les reines, à Londres, étaient impatientes de lui faire accueil. Que s’il voulait renoncer à sa vocation religieuse, peut-être, à la mort de son père et du duc d’York, aurait-il quelque chance de leur succéder. Mais si, au contraire, il persistait dans sa vocation, Charles se faisait fort d’obtenir bientôt pour lui le chapeau de cardinal. Et, en plusieurs endroits de la lettre, le roi témoignait expressément à son fils une considération presque respectueuse, le louant de tout ce qu’il savait de la pureté et de l’élévation de ses sentimens.

Dans une seconde lettre à Oliva, du 29 août, Charles insistait pour que son fils se mît en route sans tarder. Une autre lettre demandait que le novice pût voyager seul, sans chaperon, contrairement à la règle, et qu’il prît la mer à Gênes, tout droit pour un port anglais quelconque autre que Londres. Il aurait à voyager en costume laïque, sous le nom d’Henri de Rohan, et à se faire passer pour le fils d’un pasteur calviniste se rendant en Angleterre auprès de sa mère. Le 14 octobre 1668, Oliva annonçait à Charles, de Livourne, que « le gentilhomme français » venait de s’embarquer. Et l’on possède encore une lettre de Charles à Oliva, écrite un mois plus tard, le 18 novembre. Le roi informe son correspondant que James de la Cloche, après un bref séjour auprès de lui, retourne à Rome, chargé d’une mission confidentielle, et qu’il aura ensuite à revenir directement à Londres, pour y rapporter lui-même la réponse verbale du Saint-Siège. Le roi promet en outre d’envoyer à Oliva, l’année suivante, à la demande expresse de son fils, une souscription importante pour le fonds destiné par la Compagnie de Jésus à ses constructions. Enfin, il prie Oliva de remettre à James 800 doubles pour ses dépenses, s’engageant à restituer ce prêt avant six mois.

Et, depuis cette lettre, ni dans les Archives du Gesù, ni nulle part au monde, aucune mention authentique ne se rencontre plus de James de la Cloche. Le jeune novice disparaît tout à fait de l’histoire, sans qu’on puisse savoir s’il est vraiment retenu à Londres après sa mission de Home, s’il a reçu les ordres en Angleterre, ou à Paris, et si