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par les circonstances intérieures de mettre Louis XVII sur le trône et de confier la régence à sa mère[1]. Il tourne et retourne ces idées sans en sortir ni concevoir une autre issue.

Le. 4 août, un de ses émissaires, qui ne signe pas sa lettre, lui écrit de la frontière : « S’il prenait envie au parti de Danton de rétablir le Roi, on serait exposé ou à reconnaître une Constitution pire peut-être que la République ou à continuer la guerre avec un nombre moindre d’alliés. On doit croire que les royalistes de la Vendée mettraient bas les armes et il serait bien difficile que les ministres anglais pussent se dispenser de négocier la paix dès qu’il y aurait eu en France une forme quelconque de gouvernement. »

Cependant, le 12 du même mois, Mercy, à la nouvelle du transfert de la Reine à la Conciergerie, semble se réveiller. Il mande à Thugut : « Peu de jours éclairciront les vues plus ou moins atroces que les scélérats ont eues contre la Reine. Il n’y a que la terreur qui puisse les arrêter. Mais il existe un embarras extrême dans le choix des moyens propres à l’inspirer. » Puis il envoie une note pressante au prince de Cobourg, qui commande les armées alliées, et l’engage à marcher sur Paris. Cobourg oppose une fin de non-recevoir. « Plus on a réfléchi, plus on a calculé, moins la combinaison des localités, des événemens et des circonstances a permis de trouver quelque expédient praticable et avantageux pour atteindre ce but salutaire. » Finalement, il propose de menacer la Convention de rouer vif Beurnonville et les conventionnels, qu’a livrés Dumouriez, si l’on assassine la Reine. Il trouve, il est vrai, le procédé peu humain, « et peut-être serait-il préférable et plus simple de négocier un échange. » Mais la proposition en reste là.

De son côté, à la même époque, 24 août, le duc de Polignac, réfugié à Pentzing, une bourgade aux portes de Vienne, essaie de rappeler à l’Empereur les périls qui menacent la reine de France et suggère l’idée d’un appel à Danton.

« Mais les momens sont chers et chaque jour, chaque heure perdus peuvent détruire tout espoir de salut pour la Reine. C’est en frémissant de terreur que le serviteur le plus fidèle et le plus reconnaissant de son auguste souverain et bienfaiteur prend la liberté de tracer à Sa Majesté l’Empereur le danger de

  1. Ces détails et les pièces qui suivent proviennent des Archives impériales d’Autriche.