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Danemark, de la Suède et de la Norvège, de la Hollande, et ajoutons-y la Suisse, la Belgique et le Luxembourg : nous aurons un groupe d’États qui, sur les bases de la convention de La Haye, serait parfaitement apte à organiser une cour permanente d’arbitrage selon leurs convenances et leurs intérêts. Ces petits États éminemment pacifiques n’auront pas, contre l’arbitrage obligatoire, les objections qui furent produites à la conférence de La Haye. Leur liberté d’action est absolue, et leur devoir autant que leur droit exige, en vue de rendre impossible un conflit sanglant, soit entre eux, soit avec les autres puissances, que la procédure nécessaire pour trancher tous les conflits entre nations ait été réglée à l’avance.

C’est ainsi que les petits États neutralisés deviendront par la force des choses les champions les plus convaincus de l’arbitrage international, et formeront, avec le temps, une magistrature internationale auprès de la cour permanente de La Haye.

Et c’est ainsi que la neutralisation des petits États serait le moyen sûr et pratique de garantir encore mieux la paix de l’Europe, et le progrès matériel et intellectuel des nations.

Puisse le Danemark, et avec lui quelques autres petits États, tomber bientôt d’accord pour leur neutralisation, afin de jeter dans la balance européenne leurs idées de progrès pacifique et leurs droits à une vie indépendante des troubles de la grande politique internationale ! puissent-ils toucher au but avant qu’un cataclysme international ne renverse toutes les combinaisons de la paix et du progrès ! puissent enfin les petites nations donner un corps et une âme aux « rêveries humanitaires » de la conférence de la paix ; et elles auront bien mérité de l’humanité !


F. de MARTENS.