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l’incessante répétition tourne sans doute, à la longue, en une lente consomption.

C’est ce que M. Bontemps semble n’avoir pas voulu admettre : « Il est, dit-il, un autre préjugé assez généralement répandu, relatif à l’insalubrité de la profession de verrier. On croit que ces ouvriers, exposés à une grande chaleur, et ayant souvent et longtemps les yeux fixés sur le four incandescent, sur le verre en fusion, meurent jeunes et deviennent aveugles : cela est tout à fait inexact. La salubrité des ateliers est incontestable, l’air y est constamment renouvelé par le fait de la combustion et du tirage. Les vapeurs sulfureuses ou arsenicales qui pourraient provenir de la houille ou de la composition du verre sont emportées par le courant. Resterait donc le rayonnement du calorique comme cause délétère et que ne peuvent supporter les personnes qui viennent accidentellement dans une verrerie, mais auquel les verriers et autres personnes employées dans l’usine s’habituent aisément, et qui n’entraîne jamais d’état morbide. Les verriers transpirent beaucoup, mais, comme ils travaillent au milieu d’un air constamment en mouvement, ils ne souffrent pas comme les moissonneurs exposés au soleil par une journée calme. Je n’ai jamais appris qu’un verrier près du four soit tombé anéanti par la chaleur ainsi que cela arrive à ceux-ci. » Aussi ne l’a-t-on jamais prétendu et n’a-t-on jamais parlé d’un « coup de feu » comme d’un « coup de foudre » ou d’un « coup de soleil. » Puis le Guide du Verrier reprend : « La chaleur du four agit seulement d’une manière sensible sur quelques ouvriers ayant une peau plus délicate, et dont le nez et la joue qui se présentent au feu sont légèrement excoriés et rouges, mais la santé n’en est nullement altérée ; et je puis attester que non seulement il n’y a aucune maladie qui soit spéciale aux verriers…, mais ils jouissent généralement d’une bonne santé. J’en ai connu un grand nombre ayant exercé leur état jusque dans un âge avancé, un grand nombre qui n’avaient cessé de souffler que parce qu’ils s’étaient acquis par leurs économies la faculté du repos ; et, dans ma longue carrière de verrier, je n’ai connu qu’un souffleur devenu aveugle dans sa vieillesse par suite d’une cataracte. »

À ces considérations optimistes, les chiffres indifférens ont déjà répondu : 6, 11 pour 100 au-dessus de cinquante-cinq ans ; 2, 07 pour 100 au-dessus de soixante-cinq ans, pour l’ensemble en France des industries du verre ; à l’usine L…, 19 ouvriers