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que j’ai remarqué en passant et si mes souvenirs ne me trahissent pas, il doit être exact d’une manière générale qu’à la taillerie et au coupage, comme aux magasins et aux expéditions, hommes et femmes sont d’âge mûr, ce sont des hommes et des femmes, tandis qu’à la décoration, les hommes sont plutôt des jeunes gens, et les femmes des jeunes filles.

Pour les halles de fusion, où se fait vraiment le travail du verre, — je suis tenté de dire avec toute l’énergie ancienne du mot : l’œuvre du verre, — pour les six catégories des ouvriers ou ouvreurs, des cueilleurs, des souffleurs, des gamins, des chauffeurs de four et des renfourneurs, nous avons les chiffres, et ils nous apprennent deux ou trois choses intéressantes. C’est, premièrement, qu’on retrouve dans la verrerie ce que nous avions trouvé dans les mines, et ce que nous ne trouvions plus dans la métallurgie et dans la construction mécanique : deux grandes couches d’âge, l’une de 18 à 45 ans (355 ouvriers), l’autre de 13 à 16 ans (159 gamins), qui absorbent à elles seules les quatre cinquièmes du personnel occupé aux halles de fusion (514 contre 117 sur 631), presque les deux tiers du personnel total de l’usine. Deuxièmement, c’est que, dès que la loi les y autorise, à treize ans, les enfans accourent aux verreries (159 gamins de 13 à 16 ans), puis s’en fatiguent et cherchent ailleurs (avant le service militaire, il y a un déchet de moitié : 98, de 16 à 18 ans) ; de 18 à 45 ans, le niveau est pris : les gamins de moins de 18 ans n’étaient pas des verriers, tenaient à peine à la profession, et pouvaient changer ; les hommes de 20 à 45 ans sont de ce métier et non d’un autre, cueilleurs, souffleurs, et ouvriers, ouvreurs de verre, verriers à quelque degré, rien que verriers, jusqu’à la vieillesse, qui, pour eux, vient vite et comme d’une chute brusque, comme d’un écroulement subit, après cette maturité étale. Si les chiffres disent vrai, il en faut en effet déduire, troisièmement, que la vieillesse attend le verrier et le surprend vers sa quarante-cinquième année, puisque, contre 355 ouvriers de 18 à 45 ans, on n’en compte que 19, — soit un peu moins de 3 pour 100 par rapport à l’ensemble du personnel, — de 45 à 60 ans.

Les données recueillies par l’Office du travail sur l’industrie verrière en France ne sont cependant pas tout à fait aussi inquiétantes ; et je me hâte de les rapprocher, comme correctif, d’une observation qui, pour être d’une justesse scrupuleuse, n’en a pas moins le défaut d’être particulière à un établissement, d’être