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armée ses qualités militaires ; et, grâce aux enseignemens que ses chefs en auront su tirer, ne contribuent à créer, chez nos voisins d’outre-Manche, un courant d’opinions favorable à des modifications de quelques-unes des méthodes d’instruction de leurs troupes ; de quelques-uns de leurs procédés tactiques ; et, aussi, à une réorganisation de leurs forces militaires nationales, réformes dont leurs officiers généraux les plus autorisés, lords Roberts et Kitchener les premiers, ont proclamé la nécessité. Ce sera là, pour l’avenir, une compensation des sacrifices considérables en hommes et en argent consentis par la nation anglaise avec une énergie et avec cette indomptable ténacité qui font l’admiration même de ses plus acharnés ennemis[1].

On n’a point encore perdu le souvenir des récriminations, par lesquelles fut accueillie, en Europe et en Extrême-Orient, la nouvelle de l’envoi, par l’Angleterre, dans le Pé-tchi-li, du premier contingent de ses troupes de « natives » de l’Inde. On lui reprochait de venir ainsi imposer, comme frères d’armes, aux contingens européens, dans une œuvre que l’on se plaisait, dans les chancelleries, à qualifier, par excellence, d’œuvre de civilisation et d’humanité, le contact de ces Sikhs, Gourkhas, Punjabs, Bengalis, et autres corps indigènes amenés de l’Inde avec d’innombrables coolies hindous, et dont quelques-uns passaient, — aux yeux du plus grand nombre des Européens, qui ne les connaissaient que d’après des récits fantaisistes de voyageurs, — pour être composés uniquement de « barbares, de soldats sauvages et cruels, » une variante, en quelque sorte, de l’appellation de

  1. Ces pages étaient écrites en novembre 1901 : par suite de circonstances particulières, elles n’ont pu être publiées qu’aujourd’hui.