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légère et à passer du 47 millimètres, notoirement insuffisant, au 57 millimètres qu’emploient toutes les marines étrangères, ou même à notre 65 millimètres, convenablement allégé.

Quoi qu’il en soit, et en reconnaissant le bénéfice de la mesure qui vient d’être prise en faveur d’une partie de notre future escadre de première ligne, il faut bien confesser que celle-ci n’aura point, il s’en faut, de supériorité sur ses rivales, du moins au point de vue de l’artillerie et de la vitesse. Avant 1906, l’Angleterre mettra en ligne 5 cuirassés dont l’armement (pour ne parler que des canons de gros et moyen calibre) comprendra quatre canons de 305 millimètres, quatre de 203, seize de 152, toutes ces unités filant d’ailleurs 19 nœuds francs. A la même époque, les Etats-Unis présenteront trois cuirassés de 14 650 tonnes qui, filant aussi 19 nœuds, auront la formidable artillerie que voici : quatre canons de 305 millimètres, huit de 203, douze de 152, douze de 76 ; et à cette superbe division viendront à bref délai s’ajouter 2 navires plus puissans encore, déplaçant à la vérité 17 600 tonnes, donnant 18 nœuds et armant leurs flancs de quatre canons de 305 millimètres, huit de 203, douze de 178, vingt de 76 et douze de 47.

Entre temps, l’Italie, dont le génie inventif en construction navale a souvent ouvert des voies nouvelles et fécondes, aura terminé ses deux cuirassés de 13 450 tonnes, Benedetto Brin et Regina Margherita, caractérisés par une prédominance marquée des facultés offensives sur les facultés défensives (20 nœuds ; quatre canons de 305, quatre de 203, douze de 152, seize de 76 ; mais seulement 150 millimètres d’acier à la flottaison et aux tourelles, tandis que nous y mettons respectivement 300 et 400 millimètres) ; elle aura aussi, en achèvement à flot, vers 1906-1907, 3 autres cuirassés, Roma, Vittorio-Emanuele, Regina Elena, où la vitesse doit encore gagner un nœud et qui, ne présentant plus aux deux extrémités que deux de 305 au lieu de 4, composent leur armement principal de douze canons de 203, flanqués de douze de 76 millimètres : le tout avec un tonnage de 12 300 seulement. Bien plus, elle promet de nous montrer dans le curieux type Amalfi-Genova[1] le maximum du rendement, au point de

  1. Ces deux bâtimens sont en construction ; deux autres du même type, Pisa et Venezia, vont être mis en chantiers. Les Italiens les qualifient de « navires du 1er rang ; » mais c’est uniquement parce qu’ils atteignent 8 000 tonnes, limite inférieure du déplacement des bâtimens de cette catégorie. Pour nous, ce seraient des " croiseurs cuirassés. »