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régime le plus exclusivement carné apporte encore du glycogène en proportion appréciable : la seconde, c’est que l’organisme en forme, aux dépens des alimens protéiques ou des réserves de graisse. L’argument tiré de la variété du régime alimentaire n’a donc aucune valeur scientifique. Tous les alimens, toutes les réserves, les substances protéiques, les matières féculentes et sucrées, les graisses, sont capables de suffire au travail, parce que, préalablement, et par suite de l’élaboration accomplie dans le foie ou le muscle, ces substances diverses sont capables de fournir du glycogène au foie et au muscle et du glucose au sang. C’est à cause de cela que les différens alimens peuvent s’équivaloir plus ou moins complètement et se substituer les uns aux autres dans les rations de travail des moteurs animés.

Mais comment se substituent-ils et se remplacent-ils ? D’après quelle règle d’équivalence ? D’après quel barème ? Les réponses à cette question ne s’accordent pas. Il y a deux opinions.

M. Chauveau déclare que les principes immédiats, azotés, gras ou sucrés se remplacent d’après leur aptitude à produire du glucose ; ils s’équivalent comme générateurs de force musculaire, s’ils ont le même rendement en glucose, s’ils sont isoglycosiques. Les physiologistes allemands ne sont pas convaincus que le muscle ne puisse utiliser les principes immédiats qu’après qu’ils ont été transformés en glucose, et ils admettent qu’ils s’équivalent comme générateurs de force musculaire, s’ils ont la même valeur énergétique évaluée en calories, en un mot, s’ils sont isodynames. L’expérience n’a pas encore décidé.

Cette incertitude ne nous empêche pas d’apprécier l’utilité de l’alimentation sucrée au point de vue de la production de la force mécanique chez les animaux. Aussi bien n’est-ce pas seulement une question de pure théorie, mais une question de pratique. Abandonnant le terrain de la physiologie rationnelle, on a essayé de la résoudre par les méthodes empiriques. De différens côtés, on a poursuivi des essais destinés à apprécier les effets de l’alimentation sucrée sur le travail physique de l’homme et sur celui des animaux de trait.


VII

Les premières recherches méthodiques ont été exécutées, il y a une dizaine d’années, par des physiologistes italiens,