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lent pour être transformé en glycogène hépatique. Son avantage sur les protéiques, est décidément marqué, si l’on se place au même point de vue de la facilité de la production du glycogène et par conséquent du sucre du sang : il est tout à fait net en ce qui concerne les graisses. Et, comme, d’autre part, on démontre que le glycogène du muscle et le sucre du sang sont les agens privilégiés de la contraction musculaire ; — comme on admet en outre, ou tout au moins comme des physiologistes éminens, au premier rang desquels il faut placer M. Chauveau, admettent que ce même sucre du sang est l’agent prochain et immédiat des combustions organiques, qu’il est presque l’unique combustible de l’organisme et la source de la chaleur animale ; — on comprend que le sucre n’est pas seulement un aliment de premier ordre, mais qu’il est un agent vital universel.


VI

Le développement de l’histoire biologique du sucre amène ainsi, naturellement, à la constatation de l’existence du glucose et du glycogène dans le muscle, à l’examen des vicissitudes qu’ils y subissent, de la manière dont ils y apparaissent et s’y détruisent, et des manifestations vitales auxquelles ils participent. Mais c’est une question trop importante pour pouvoir être traitée incidemment, en quelques mots. La détermination des sources de l’énergie musculaire est à l’ordre du jour : c’est un problème de la science actuelle. Nous trouverons une occasion de l’examiner avec les développemens qu’il mérite. Il suffit, pour le moment, d’indiquer la conclusion la plus générale de cette étude et d’en mettre en lumière une conséquence en rapport avec l’objet qui nous occupe, c’est-à-dire avec l’alimentation sucrée.

La conclusion générale des recherches relatives à l’origine de l’énergie musculaire, c’est que le glucose en est l’aliment prochain et exclusif ; il est la source de leur énergie mécanique. L’animal est un moteur animé qui consomme de la matière sucrée, comme le moteur inanimé, la machine à feu, consomme du charbon.

Si, pourtant, la nature nous montre que tous les animaux, même ceux qui ne font pas usage d’alimens sucrés, n’en sont pas moins des moteurs de même espèce, — ce n’est là qu’une apparence, et pour deux raisons : la première, c’est que le