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l’exposé le rendrait fastidieux. On ne peut indiquer ici que les plus essentielles.

Le premier point est de pouvoir analyser le glycogène dans les tissus où il est engagé. Plusieurs procédés ont été successivement proposés et mis en œuvre pour cet objet. Le plus récent est dû à l’éminent physiologiste de Bonn, E. Pflüger, et il date à peine d’un ou deux ans. Il consiste à dissoudre le tissu auquel le glycogène est incorporé à chaud dans l’eau assez fortement alcalisée par la potasse. C’est le procédé même qu’employait jadis Claude Bernard : il n’en est pas de meilleur, de l’aveu du savant professeur de Bonn lui-même. De telle sorte qu’après tant de prétendus perfectionnemens introduits par d’ingénieux expérimentateurs, tels que Brucke, Külz, F. W. Pavy et d’autres, il a fallu en revenir au procédé simple que l’auteur de la découverte du glycogène avait imaginé il y a près de cinquante ans.

Ces analyses ont appris que la quantité de glycogène du foie variait avec les circonstances ; qu’elle était à son maximum après un repas abondant de sucre et de farineux, et qu’alors elle pouvait atteindre jusqu’à 13 pour 100 du poids de l’organe. Elle s’abaisse, au contraire, si ranimai ne reçoit point d’hydrates de carbone dans sa ration, ou encore s’il est soumis au jeûne.

Cet abaissement progressif du glycogène hépatique pendant l’abstinence a été parfaitement suivi par E. Külz, Naunyn, von Mering, et Wolberg : il peut aller jusqu’à la disparition à peu près absolue. C’est ce qui arrive, par exemple, chez les poulets après quatre jours de diète, chez les lapins au bout d’une semaine de jeûne, et chez les chiens après deux semaines. — Ces durées de jeûne sont nécessaires pour débarrasser entièrement le foie de ces animaux du glycogène qu’il contient.

Les analyses ont encore révélé un fait inattendu et riche en conséquences de toute espèce, c’est l’existence, en outre du foie, de toute une catégorie d’organes où le glycogène est abondant : nous voulons parler des muscles. Ils ne sont pas, à la vérité, aussi bien pourvus à cet égard que l’organe hépatique, et leur teneur ne dépasse guère, en moyenne, le dixième de celle de ce dernier viscère ; mais c’est déjà une quantité bien loin d’être négligeable. — On démontre que cette substance glycogénique du muscle joue un rôle physiologique considérable ; qu’elle est la source principale de la force musculaire. On constate facilement qu’elle diminue à mesure et en proportion