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LA QUESTION DU SUCRE
EN PHYSIOLOGIE

Le sucre est-il une denrée de luxe ou un aliment de première nécessité ? Est-ce simplement un condiment agréable dont tout le rôle consisterait à satisfaire la sensualité et à flatter le goût ; ou, au contraire, est-ce un élément réparateur par excellence, et l’un des facteurs les plus utiles d’un régime nutritif rationnel ? Pendant longtemps et jusqu’à une date récente, c’est la première de ces manières de voir qui était universellement adoptée. C’est la seconde, pourtant, qui est la vraie. La physiologie enseigne, en effet, que le sucre est une substance nutritive incomparable, l’agent par excellence du travail musculaire, et, en résumé, l’une des meilleures ressources que nous offre la bonne nature pour entretenir le corps en santé et en vigueur.


I

Cette transformation des idées en ce qui concerne la valeur hygiénique et alimentaire de la précieuse denrée ne pouvait pas rester sans conséquence au point de vue pratique. Si, en effet, l’usage du sucre ne s’explique que par un raffinement du goût, si c’est un aliment de luxe, une matière somptuaire, comme on a pu le croire longtemps, il ne mérite pas de ménagemens ; et on le lui a bien montré. Il a connu, pour ainsi dire dès le berceau, l’avidité du fisc, les taxes, les droits et les tarifs. En 1664, Colbert commençait à l’imposer de 15 livres pour 100 livres en poids. En 1903, on avait fini par le faire payer à raison de