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Les négociations avec les diverses peuplades avaient été fort habilement et discrètement menées et la reine feignait d’être plus que jamais soumise à notre protection, tandis que ses ministres ne cessaient d’assurer M. Laroche de leur dévouement. Heureusement que notre gouvernement se hâta d’envoyer à Madagascar le général Gallieni, qui venait d’arriver d’Indo-Chine. Le parlement substitua au régime du Protectorat celui de l’Annexion ; la reine Ranavalo fut privée de son trône, et, de la fin de 1896 à 1898, le général employa à la pacification de la Grande Ile la tactique qui lui avait si bien réussi en Indo-Chine contre les Pavillons noirs.

A partir de ce moment, Madagascar était, disait-on, entièrement pacifiée ; on pouvait en parcourir tous les points sans danger, et s’y établir sans crainte… C’était vrai pour le Nord, l’Est et l’Ouest, sauf cependant pour la région sakalave ; mais c’était inexact pour une grande partie du Sud de l’île, dont les tribus, très jalouses de leur indépendance, avaient toujours refusé de se soumettre à la domination hova d’abord et ensuite à la nôtre. Avant la campagne de 1895, en effet, l’occupation hova s’était étendue sur le Betsiléo, sur la région côtière de la province actuelle de Farafangana, sur Fort-Dauphin et les environs de la ville. Une colonne hova, partie de Tananarive, avait été jusqu’à Tulear et avait occupé cette ville ; mais le pays Bara, entre Fianarantsoa et Tulear, avait été simplement traversé par la colonne sans être effectivement occupé.

Contre les Tanala d’Ikongo et les habitans de la zone forestière, toutes les tentatives des Hova avaient échoué.

Après la campagne de 1895 et la répression de l’insurrection, la pacification du Sud avait été commencée sous la direction du général Gallieni d’abord, du général Pennequin ensuite. Lorsque le colonel Lyautey reçut le commandement supérieur du Sud, la situation était la suivante :

Le Betsiléo, la province côtière de Farafangana, le cercle de Fort-Dauphin dans la partie voisine de son chef-lieu, toute la partie Nord du cercle de Tulear et l’Ouest du cercle des Bara étaient complètement pénétrés et pacifiés. Toute la forêt depuis l’Ikongo jusqu’à quelques kilomètres de Fort-Dauphin était occupée par les rebelles et formait une barrière infranchissable entre le plateau central et la côte. De nombreuses reconnaissances avaient depuis deux ans sillonné cette région ; mais, faute d’unité