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ou huit conciles provinciaux, — dont le premier, celui de Reims, est de 1564, et le dernier, celui d’Avignon, de 1594, — mais au grand jour des Etats-Généraux et dans les assemblées de Notables, avait proclamé son désir, et parfois même une assez énergique volonté[1] de se conformer aux instructions du Concile de Trente. Enfin, je ne songe point à nier que les efforts et les premières fondations de Bérulle, du P. De Condren, de saint Vincent de Paul, de Bourdoise, datent de la fin du règne de Henri IV et de la première moitié de celui de Louis XIII. Mais tout cela ne fait pas qu’en 1627, où la Compagnie du Saint-Sacrement se fonda, la rénovation du catholicisme fût en France, je ne dis pas accomplie, mais seulement avancée. De croire que les faits vont aussi vite que les idées, et qu’ils suivent de près les promesses et les résolutions, — de croire aussi que les initiatives individuelles impliquent l’ébranlement simultané des corps publics, — ce sont des illusions dont les historiens doivent soigneusement se garder.

Les exécuteurs naturels et désignés de l’œuvre d’épuration et d’expansion rendue nécessaire par le succès du protestantisme et prescrite par le Concile de Trente, — les évêques, — n’y avaient, jusqu’alors, presque pas mis la main. Aussi bien en étaient-ils, pour la plupart, insoucieux ou incapables. Le Concordat de 1516 continuait à porter ses fruits. Les prélatures, remises, comme tous les bénéfices ecclésiastiques, à la nomination du Roi, étaient ouvertement réservées par lui aux cadets des grandes familles de vieille noblesse ou de haute bourgeoisie qui trouvaient là un débouché plus accessible que la magistrature, plus rémunérateur que l’armée[2]. Puis, parmi ces candidats de vocation intéressée ou contrainte qui abordaient, sans l’avoir appris, ce que Richelieu appelait « le plus difficile métier du monde, » ni les derniers Valois, ni Henri IV, au début de son règne, ni Richelieu lui-même, toujours politique, n’avaient fait ou ne continuaient à faire les choix les meilleurs ou les moins mauvais[3]. Un pamphlet du temps[4], qui pourtant se défend de révéler méchamment « la turpitude de nos pères spirituels, » s’indigne de voir dans

  1. G. Picot, Histoire des Etats-Généraux, IV, 296, 330.
  2. Félix Robiou, Essai sur l’histoire de la littérature et des mœurs pendant la première moitié du XVIIe siècle, p. 561 et suivantes.
  3. Lacombe, Henri IV et sa politique, p. 49. — D’Avenel, Richelieu et la monarchie absolue, t. III, p. 239, 248.
  4. La Promenade des Bonshommes, p. 18 et suivantes.