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sement débarrassé ; enfin, M. Waldeck-Kousseau avait pris parti contre elle dans son groupe, et avait entraîné ou paru entraîner celui-ci à partager son sentiment. Les Salésiens, au contraire, ne soulevaient aucune question de principe qui ne fût résolue d’avance : la majorité était certaine, et prête à frapper. En vain, M. Bérenger dans un admirable discours, a-t-il pris la défense de ces pauvres religieux qui ne faisaient que du bien ; en vain M. De Lamarzelle a-t-il, lui aussi, défendu leur cause, à son tour, avec autant de talent que de courage ; ils ont été exécutés en quelques heures, et même à une majorité considérable. Il a suffi que M. Combes le demandât. Mais comment voterait M. Waldeck-Rousseau ? On se posait la question avec d’autant plus de curiosité que toute cette discussion avait été provoquée, nous l’avons dit, pour détruire l’effet de son discours. Eh bien ! M. Waldeck-Rousseau a voté avec la majorité, pour le gouvernement, contre les Salésiens, contre lui-même. C’est le dernier trait caractéristique de la session qui vient de se clore. Si on demande d’ailleurs à quoi cette session a servi, nous répondrons : À rien ; par quoi elle a été remplie, nous dirons : Par rien. La Chambre a refusé l’autorisation des congrégations enseignantes de femmes, et le Sénat celle des Salésiens de Dom Bosco. Voilà tout. Qui oserait dire désormais que la République n’est pas un gouvernement de réformes, et que la France n’est pas un heureux pays ?


Francis Charmes.
Le Directeur-Gérant,
F. Brunetière.