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mesure d’adhérer auxdits traités. » Cela ne fait que consacrer l’usage suivi dès maintenant.

Les questions de défense impériale furent beaucoup plus longuement discutées. Le secrétaire d’Etat à la Guerre fit ressortir, après M. Chamberlain, les sacrifices faits par la Grande-Bretagne : » Je ne crois pas, s’écria-t-il, qu’on puisse accuser une nation, qui entretient en permanence 110 à 120 000 hommes au dehors et est toujours prête à en envoyer encore autant s’il est nécessaire, de ne pas remplir son devoir de protection vis-à-vis des colonies. » Il montra combien il serait avantageux pour l’Empire que l’Australie et le Canada, plus rapprochés que la métropole de certains théâtres d’opérations éventuels, comme l’Inde ou la Chine, pussent en cas d’urgence y expédier rapidement des troupes. Il existe bien déjà 27 000 hommes de milices nominalement organisés en Australie, 38 000 au Canada, 17 000 en Nouvelle-Zélande, ce qui fait, en tenant compte du Cap et du Natal, plus de 100 000 hommes en tout. Mais que valent-ils ? D’après le rapport même de l’officier général commandant la milice canadienne, les corps recrutés dans les villes ne connaissent absolument rien des devoirs d’un soldat en campagne, et les corps ruraux « ne seront jamais mis en état de faire campagne, même passablement, avec les périodes d’instruction si limitées auxquelles ils sont soumis. » Des milices australiennes, on en pourrait dire à peu près autant, d’après des rapports autorisés. Tout ce que demande M. Brodrick, c’est qu’on prélève un quart de ces miliciens, qui seraient spécialement exercés, suivant un programme concerté entre les autorités militaires métropolitaines et coloniales, et astreints à servir même en dehors de leur colonie. « En admettant que ces réserves impériales soient en tout de 20 000 hommes, qui recevraient chacun 9 livres sterling par an, leur entretien ne coûterait que 4 millions et demi de francs et n’augmenterait pas de 50 centimes les charges, déjà si légères, que la défense de l’Empire fait peser sur chaque habitant des colonies. » La métropole serait d’ailleurs prête à supporter une partie de ces charges, pourvu que les « réserves impériales » fussent toujours à sa disposition sans qu’elle eût besoin de consulter les gouvernemens des colonies où elles seraient levées.

À ces propositions, cependant modestes, toutes les colonies, sauf la Nouvelle-Zélande refusèrent d’adhérer. Le Cap et Natal arguèrent que l’énorme prépondérance de la population noire