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qu’elles maintiennent sur certains produits anglais quelques droits purement fiscaux, M. Chamberlain l’admettrait volontiers, surtout si, pour leur enlever tout caractère protecteur, elles frappaient les produits indigènes similaires de droits d’accise équivalens. Mais les tarifs préférentiels tels qu’on les pratique actuellement lui paraissent un leurre. La détaxe de 33 pour 100 accordée par le Canada aux marchandises britanniques laisse subsister encore des droits si élevés qu’elle a pu tout juste arrêter le déclin des importations de provenance anglaise, alors que les importations de provenance étrangère augmentaient sensiblement. Au contraire, les exportations du Canada vers l’Angleterre ont augmenté de 85 pour 100 depuis quinze ans, tandis que celles vers l’étranger ont diminué de 40 pour 100. Qu’en résulte-t-il, si ce n’est que le tarif douanier du Canada ne favorise nullement l’Angleterre, qui offre pourtant aux produits canadiens un débouché toujours croissant, mais que ce tarif est tout à l’avantage des pays étrangers, qui font leur possible pour les exclure ?

Une pareille expérience a éclairé la mère patrie et M. Chamberlain prévint les colonies que leurs concessions douanières ne pourraient être payées de retour que le jour où elles les feraient beaucoup plus larges, « où elles ouvriraient leurs marchés dans des conditions beaucoup plus équitables. » Jusque-là on les acceptera « avec plaisir et reconnaissance, » mais en échange on ne donnera rien.

Après avoir entendu ce discours, la conférence commença ses travaux. Elle tint dix séances ; en outre, de nombreux entretiens particuliers eurent lieu entre ses membres et les divers ministres britanniques sur les questions relevant de leurs départemens respectifs. Dans ces délibérations générales ou particulières, les questions politiques ne tinrent presque aucune place : — Si vous voulez notre aide, appelez-nous dans vos conseils, avait dit M. Laurier. — Demandez-nous à y entrer, et nous vous accueillerons, répondait M. Chamberlain. — Les colonies ne demandèrent rien. On se borna donc à voter la périodicité des conférences, qui devront se tenir au moins tous les quatre ans, et à décider que, « dans la mesure où il est compatible avec le caractère secret des négociations des traités avec les puissances étrangères, le gouvernement impérial devrait s’informer des vues des colonies intéressées, afin que celles-ci se trouvent mieux en