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cédant souvent pas en acrimonie aux discussions entre gens de confessions différentes.

La franc-maçonnerie, souvent considérée comme une vaste société de secours mutuels et Tétant effectivement, a aussi marqué de son empreinte bien des associations de ce genre. Si les frères payent une cotisation à leur loge, ils sont aussi secourus par elle quand ils tombent dans le besoin. En outre, si l’action politique et antireligieuse est devenue dans ces derniers temps, en France, la principale préoccupation du monde maçonnique, on ne peut nier que le côté humanitaire n’ait tenu une place importante dans son histoire. Si nous ajoutons à cette considération que certaines sociétés de. secours mutuels ont commencé par être, nous l’avons vu, des sociétés secrètes ; que, dans nombre de sociétés urbaines ou rurales, les membres des loges s’efforcent d’occuper les places dans les conseils d’administration ; qu’enfin de hauts personnages publics, notoirement connus comme francs-maçons militans, sont d’ardens propagateurs de l’idée mutualiste, nous en conclurons que l’influence maçonnique a eu un contrecoup notable sur le développement mutualiste dans notre pays. On a cité des sociétés qui n’admettaient dans leur sein que des francs-maçons. Il est des noms de sociétés de secours mutuels qui nous renseignent déjà quelque peu à cet égard. Certaines dénominations assez vagues ont déjà un air de ressemblance avec celles des loges. Telles sont l’Humanité, l’Egalité, la Solidarité, la Concorde, l’Accord Sincère, la Parfaite Union, les Amis de la fidélité, les Droits de l’homme ; mais, où le doute se change en certitude, c’est quand nous lisons des noms tels que la « Société Acacia. » Enfin, en raison de la fréquence d’appellations d’origine judaïque, dans le vocabulaire maçonnique, il est permis de se demander si les deux élémens, juif et franc-maçon, ne se partagent pas, dans une certaine proportion, des sociétés telles que les Enfans de Japhet, d’Isaac, de Sem, de Sion, les Vrais Amis des fils d’Abraham, la Société de Déborah.

Dans ces dernières années, l’association qui a poussé le plus activement au développement de la mutualité, en prenant les écoles primaires comme champ d’action, est sans contredit la Ligue de l’Enseignement, fondée par Jean Macé en 1866. Insister sur le caractère maçonnique de cette institution après les études. De M. Georges Goyau[1] serait superflu. Présidée par M. Buisson

  1. L’idée de patrie et l’humanitarisme, dans la Revue, 1900 et 1901.