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de fer ne doivent pas être embarrassés quand l’ambition leur vient de mériter un peu de popularité. » Que, comme en Suisse, ils prolongent jusqu’à dix ans l’âge donnant droit à la demi-place. Qu’ils augmentent la durée de validité des billets d’aller et retour. Qu’ils réduisent au minimum le formalisme qui préside à la délivrance et au contrôle des tickets. Qu’ils développent le plus possible les divers systèmes de billets circulaires, de famille, d’excursions, etc. ; surtout, qu’ils généralisent, dans des conditions pratiques et économiques, la carte de circulation déjà en usage sur le réseau de l’Etat. Je ne saurais, comme M. Pierre Baudin, leur promettre à coup sûr la popularité, chose capricieuse et généralement aveugle, mais du moins je crois pouvoir leur assurer de sérieuses augmentations de recettes.

Du reste, à côté des chemins de fer, il y a les routes, qui, par ce temps de cyclisme et d’automobilisme, tendent à reprendre une réelle faveur. Là, plus encore, nous n’avons rien à envier à l’étranger. Les routes de France ne sont pas seulement les plus pittoresques, elles sont les mieux tracées, les mieux construites et les mieux entretenues du monde. Aux efforts de notre admirable corps d’ingénieurs et de conducteurs des Ponts et Chaussées, le Touring-Club et l’Automobile-Club joignent les leurs. Par leurs soins, des poteaux indicateurs sont plantés ; des bancs rustiques, des abris, installés ; la route de la nouvelle Corniche est due à l’initiative du Touring-Club, comme on lui doit les essais sur le goudronnage des routes et cette œuvre, si juste et si humaine, la caisse de secours des cantonniers.

Mais, si nous avons, au point de vue des routes, une supériorité acquise qui ne peut que se maintenir, il nous reste beaucoup à faire sur d’autres points. Les voitures privées, en France, sont en général confortables et à meilleur marché qu’en Suisse : mais nos voitures publiques sont médiocres. C’est à l’automobilisme, cette industrie essentiellement française, qu’il appartient d’apporter le remède. Pourquoi les grandes maisons d’automobiles n’organiseraient-elles pas, dans les régions pittoresques de la France non encore desservies par les chemins de fer, des services réguliers pendant la saison du tourisme ? Ce pourrait être pour elles une affaire rémunératrice ; ce serait à coup sûr une excellente réclame.

Un effort plus grand encore doit être tenté, si nous voulons égaler la Suisse en ce qui concerne les Postes, les Télégraphes