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des guides patentés, dans lequel ne sont admis que des hommes ayant subi un examen préalable. Régis par un règlement particulier, munis d’un livret spécial, avec leur signalement, sur lequel le voyageur inscrit ses attestations, les guides suisses forment une corporation des plus honorables. Leur tarif, fort équitable, est publié en trois fascicules : 1° Alpes valaisannes et vaudoises ; 2° Alpes bernoises ; 3° Alpes de la Suisse centrale et orientale, qui sont mis en vente et peuvent être achetés séparément.

Un grand effort, on le voit, a été fait par la Suisse. Nous avons établi, au début de ce travail, qu’il avait été fécond. Résumons-en, encore une fois, les résultats. Les capitaux engagés dans les hôtels, immeubles, meubles et approvisionnemens, représentent environ 600 millions. Après avoir payé, à environ 28 000 employés, près de 20 millions de salaires, après avoir fait la part des annuités de réparation et de vacances, comme aussi de l’amortissement du capital, les hôtels de la Suisse rapportent environ 30 millions de bénéfices nets. Le taux de l’intérêt s’établit donc à 5 pour 100 et paraît assez faible. Mais, si l’on tient compte des bénéfices que procurent en outre à la Suisse les transports, les salaires des guides et porteurs, les achats de toute nature, les dépenses diverses que font les touristes, on se rendra compte que c’est au moins 100 millions que vaut chaque année à ce pays l’exploitation méthodique des voyageurs étrangers.

A la fin de son très intéressant livre sur l’histoire des voyages en Suisse, G. Peyer se pose la question suivante : l’affluence étrangère en Suisse se maintiendra-t-elle ? Et il répond : que des symptômes indéniables paraissent indiquer, sinon une diminution, au moins une non-augmentation dans le nombre des étrangers voyageant en Suisse. « Nous n’avons pas la preuve, dit-il, que les générations futures se plairont en Suisse comme les générations actuelles, ou que notre pays demeurera dans l’avenir l’idéal de la beauté naturelle. Il se peut aussi que l’opinion des médecins se transforme, et qu’au lieu de recommander l’air des montagnes, ils conseillent le séjour au bord de la mer. L’extension, la rapidité et le confort des moyens de locomotion, pourront causer un dommage sérieux à l’industrie des étrangers en Suisse ; on ira, comme déjà on commence à le faire, dans les Alpes autrichiennes, dans les Carpathes, en Suède, en Norvège, etc. »