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voitures, les bateaux, même à la fin du XVIIIe siècle, étaient encore fort chers. Toutes les grandes routes alpines ne furent établies qu’au début du XIXe siècle. Celles du Simplon et du Süsten, tracées sous la domination française, la première de 1800 à 1815, la seconde en 1811, servirent d’exemple.

Dès 1818, cependant, une agence de voyages en Suisse, dirigée par Emery, s’établissait à Londres. On peut juger des conditions matérielles du voyage d’après le contrat signé par Agassiz, qui se rendit de Londres à Lausanne en 1829. « Je m’engage, disait le loueur, à fournir une bonne voiture, pour conduire de Londres à Lausanne M. Agassiz, avec deux dames, une jeune demoiselle, deux petits enfans et deux domestiques, en prenant à ma charge tous frais de route, savoir : nourriture, déjeuners, dîners, soupers au désir de la famille, avec le meilleur vin ordinaire, logemens, passage de mer, frais de douane, ponts, barrières, chevaux de renfort, pour la somme de 95 livres sterling. Monsieur, avec sa famille, pourra rester deux jours à Paris, sans payer autre chose que sa propre dépense, mais les logemens seront à ma charge. La famille aura quatre bons lits, et une chambre en particulier, pendant tout le voyage, pour leurs repas, qui seront ordonnés par Monsieur, s’il le désire. La voiture sera entièrement à la disposition de la famille de Monsieur. Le voyage se fera en seize jours de marche… Les domestiques des hôtels et le cocher seront payés par M. Agassiz. » Aujourd’hui, le même voyage demande à peine trente-six heures et ne coûte pas 200 francs par personne.

Les chemins de fer et la navigation se développèrent concurremment avec les routes. Le premier tronçon de voie ferrée fut le chemin de fer de Saint-Louis à Bâle, ouvert le 15 juin 1844. La ligne de Zurich à Bade le fut le 7 août 1847, mais ce n’est guère qu’en 1860 que le réseau suisse se trouva établi dans ses lignes principales.

Sur les lacs, un seul service fonctionna longtemps : celui du bateau qui, depuis la fin du XVIIIe siècle, allait de Thoune à Brienz quatre fois par semaine. Mais, en 1823, le Guillaume-Tell flotta pour la première fois sur le lac de Genève, et des services réguliers furent ensuite successivement organisés sur les lacs de Constance (1824), de Neuchâtel (1826), de Zurich, de Lucerne, de Thoune (1835), de Brienz (1839), de Zug (1852), etc.

Vers 1860, la Suisse était donc en possession des premiers