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suite le généralissime, comme les commandans d’armées, doivent être doublés, dès le temps de paix, de remplaçans éventuels.

Ce n’est pas seulement avant la guerre, par la désignation des chefs des armées, par l’indication du but à atteindre sur les différens théâtres d’opérations, que l’action du gouvernement doit se faire sentir ferme, énergique, prévoyante ; c’est aussi pendant le cours des opérations. Avec les masses considérables mises en mouvement, l’orientation de la guerre ne tardera pas à être modifiée par les événemens, par les batailles. Il importe que le gouvernement puisse, sûrement et sans perdre de temps, prescrire les mesures exigées par ces modifications sur les différens théâtres d’opérations. Pour lui permettre de satisfaire à ce rôle, analogue à celui qui a été si brillamment rempli par le grand Carnot dans les guerres de la première République, il est indispensable que le gouvernement dispose, dès la déclaration de la guerre, d’un organe ayant de l’expérience, de la compétence, de l’autorité ; entièrement prêt à l’aider dans cette grande mission.

Cet organe ne peut être que l’état-major général de l’armée, réduit sans aucun doute par les départs pour les armées, mais conservant à sa tête au ministère de la Guerre, en guerre comme en paix, le chef d’état-major de l’armée. Après avoir préparé la guerre dans ses grandes lignes comme dans ses menus détails, le chef d’état-major de l’armée sera, pendant la guerre même, un aide précieux, indispensable pour le gouvernement. Parmi ses importantes attributions, celle qui demandera le plus de tact et de fermeté sera celle de rappeler, — parfois au milieu des inquiétudes, et de la surexcitation, de l’opinion publique, — combien il est indispensable d’éviter tout ce qui pourrait, pendant l’action, contrecarrer l’initiative, ou troubler le sang-froid des commandans en chef ; et de persister à leur témoigner l’entière confiance du gouvernement, jusqu’au jour où, après des signes bien nets de défaillance ou de négligence, l’intérêt de la patrie exigerait leur remplacement.

Pendant la paix, le chef d’état-major de l’armée est l’aide du ministre de la Guerre pour préparer en tout temps l’emploi des forces de la nation pour la guerre. Il est spécialement chargé de la direction du service d’état-major, de la répartition et de l’instruction des officiers de ce service. A cet égard, un de ses devoirs les plus importans doit être la préparation à la guerre des états-majors des armées et groupes d’armées.