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LE HAUT COMMANDEMENT
DES ARMÉES

Dans la prochaine guerre, les armées seront amenées par les chemins de fer, en quelques jours, face à face à quatre ou cinq journées de marche. Elles ne tarderont pas à se rencontrer. La période grave, presque toujours décisive, des grandes batailles, se déroulera dans les deux ou trois semaines qui suivront la déclaration de la guerre.

Il importe qu’un peuple soit prêt à agir de toute son énergie dans cette période, initiale et capitale, de la guerre. Les élémens qui y joueront le plus grand rôle sont : la rapidité, la régularité de la mobilisation et de la concentration des armées ; le nombre et la valeur des troupes présentes sous les drapeaux au moment de la déclaration de la guerre ; et, par-dessus tout, l’énergie, le sang-froid du haut commandement et du gouvernement, au milieu des événemens qui vont se précipiter, et se succéder presque sans intervalle.

Toute négligence dans l’organisation et la préparation du haut commandement, comme dans les prévisions relatives au rôle du gouvernement, peut avoir des conséquences désastreuses pour le pays. Il importe d’étudier à fond cette question, en se mettant au-dessus des intérêts particuliers, et en se préoccupant exclusivement de la grandeur du pays.

Sans doute, la forme de notre gouvernement actuel crée des difficultés toutes spéciales. Mais il ne faut pas oublier que ces difficultés ont déjà été résolues ; et que, sous notre première République, le gouvernement a su non seulement exciter l’enthousiasme, le patriotisme du pays et de l’armée, mais encore